vendredi 15 novembre 2013

Cochons de payeurs.

Me souviens quand j’ai commencé à tenir un volant tout seul, comme un grand. Ca fait un bail. L’essence se vendait quoi ? 1,10 frs- 1,20 frs, et déjà la rumeur populaire accusait la Berne Fédérale de piquer du fric aux automobilistes pour renflouer les caisses des CFF (nos chemins de fer nationaux) en éternel déficit.
En écoutant les plus vieux, on apprend que quand la Suisse a posé ses autoroutes en long et en large au travers du pays, le gouvernement a aussi décidé de renchérir le prix de l’essence de quelques centimes pour l’entretien des chemins de bitumes.

Cela ne suffisant plus, la première vignette annuelle à 30 francs apparaît en 1985, après que le peuple ait accepté à 53% son introduction une année plus tôt.
En 1994, le peuple accepte à 68,5% que le prix de la vignette passe à 40 francs ; et le 24 novembre 2013 les Suisses sont appelés aux urnes pour accepter que le prix de cette vignette passe, non pas à 60 francs selon une logique mathématique, mais à 100 francs !
Dix francs d’augmentation après une décennie ; soixante pour les deux suivantes. Elle a faim madame Leuthard, notre ministre des transports. Elle est tellement affamée qu’elle nous prédit aussi, et en plus de l’augmentation de la vignette, une hausse du prix de l’essence et ce, quel que soit le résultat de la prochaine votation.

Dame Doris, qui monte au front pour récolter ses petits sous a dit beaucoup de choses. La première étant, la bouche en croix, que chaque automobilistes est avant tout un Suisse. Un Suisse pété de thune qui sait ce qu’il y a de mieux pour sa patrie. Les chinois aussi savent ce qu’il y a de mieux pour leur nation. Rassurons-nous, la Suisse n’est pas communiste.
Ensuite, elle parle bouchon, de goulets d’étranglements, de route inadaptées (parce que nos sages élus n’ont pas su anticiper les besoins de mobilité qui sont liés la croissance démographique), puis elle marchande : La Confédération reprendra à sa charge d’entretien 400 kilomètres de routes cantonales ; puis Dame Doris se livre à un petit chantage à l’attention des vaudois: « La hausse de la vignette permettra de financer la planification du contournement de Morges » (attention : Planification de rime pas forcément avec réalisation) et, histoire d’être plus claire : « Il faut voir qu’en cas de refus, ce projet tombe. Il n’y aura pas de solution pour ces 400 kilomètres de routes. Tous ces projets seront bloqués. On perdra quatre ans. Le contournement de Morges sera bloqués aussi.» (Le Matin du 28.10.13).
Pour la vignette c’est clair : le cochon payeur de Suisse paiera.

Pour l’augmentation de l’essence Mme Leuthard aime à balancer, depuis presque le début de cette année, cette fausse vérité à chaque entretien avec un journaliste : « Il faut des milliards et nos recettes baissent chaque année. Il y a moins de recettes parce que les véhicules consomment moins. »
Mais nous la savons tous, et Mme Leuthard la première : Si nous achetons un véhicule qui consomme moins, nous roulerons plus en croyant faire des économies. Ce qui est faux. Mais l’Humain moderne est devenu bête à manger du foin…
Le renchérissement du prix de l’essence est lié à l’augmentation de la surtaxe sur les huiles minérales, une surtaxe de 30 centimes par litre qui n’a pas bougé depuis 1974, selon notre belle ministre.
En mai 2013, Dame Doris estimait qu’il faudrait investir entre 1 et 1,3 milliard de francs annuellement pour les routes nationales. Dans un même temps elle séchait une larme sur le revenu sur les huiles minérales qui baisse alors que les coûts de maintenance ont doublé depuis 1990. En fin d’article, paru dans le 24 Heures du 21 mai, le journaliste écrivait que cette taxe avait rapporté 2 milliards de francs en 2012. Il resterait donc à disposition de Mme Leuthard, et des CFF, entre 700 millions et un milliard de nos francs.

Là je précise que les deux sujets (Vignettes/ essence) sont débattus dans les mêmes articles, lors des mêmes entretiens.
En début d’entretien elle expose les problèmes quotidiens de la circulation : "La hausse est indispensable car la circulation a doublé sur le réseau en 20 ans" ; " On a chaque année plus de personnes mobiles, plus de pendulaires, plus de distances parcourue par personne." Et les recettes baissent chaque année ?!!? Il semblerait qu’il n’y a qu’à Berne que l’on sache faire du moins avec du plus.
Depuis 1960 il y a cinq fois plus de trafic sur les routes et la surtaxe est inchangée depuis quarante ans. Et Madame Leuthard veut nous faire croire que le trafic autoroutier en 2013 rapporte moins à la Confédération que celui de 1974 !
Selon les chiffres de l’Office fédéral des routes, il y avait 5,8 millions de véhicules à moteur sur les routes suisses en 2012 (contre 3,8 millions en 1990).
Allez, un petit calcul d’amateur.
En ayant fouiné sur différents sites répertoriant les caractéristiques des voitures de tourismes de toutes les époques, j’arrive à ces observations : En 25 ans nos voitures ont pris entre 250 et 300 kilos de plus, et la consommation mixte affichée montre une baisse moyenne de deux à trois litres par 100 km.
Donc si j’ai 3,8 millions Renault Clio I qui consommaient en mixte 7,5 litres/ 100 km en 1990, elles engloutissaient 28,5 millions de litres d’essence, rapportant au prédécesseur de Mme Leuthard : 8'550'000 francs de surtaxe pour chaque 100 kilomètres parcourus.
En 2012, mes 5,8 millions de Renault Clio IV affichent une conso mixte à 5,5 litres. Elles ont donc brûlé 31,9 millions de litres d’essence, qui ont mis dans l’escarcelle à Doris quelques 9'570'000 francs. Soit un boni de : 1'020'000 francs pour chaque 100 km parcourus.
D’accord, tout le monde ne roule pas en Clio. Mais vous pouvez passer la nuit à faire les comparatifs que vous voudrez entre les véhicules de 1990 et ceux d’aujourd’hui, le calcul se tient quel que soit le modèle de voiture. Mais c’est vrai : les voitures modernes consomment moins.

Cela n’a certainement rien à voir, mais…
Dans le 24 Heures du 24 août 2012 on pouvait lire les propos de Monsieur Philippe Gauderon, directeur de la division infrastructure des CFF, s’exprimant sur la vétusté du réseau CFF :
« Ce que nous avons cumulé comme retard dans l’entretien pendant dix ans, il faudra vingt ans pour le rattraper ». Et ce rattrapage a un coût : 1,8 milliard de francs de travaux.
Ensuite il y a ces 230 millions à donner à Rome pour finir la ligne du Gothard, versant Italien, et le big boss des CFF qui pleure misère pour pouvoir moderniser son réseau :
« Si vous plaît automobilistes gentils. Donner moi sous pour mettre nouveau rail. 50 millions par année.»
 
Alors roulez braves cochons d’automobilistes, scooteristes et courageux motards. Les CFF et Dame Doris ont besoin de vous.
 
NEMo.

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