lundi 10 juin 2013

Pleure Marianne...

Le p’tit Nono s’est tapé une méga crise d’asthme en tout début de semaine. Hospitalisé le lundi aux alentours de 5 heures du mat’, il est resté entre les mains du corps médical jusqu’à mercredi soir.
Pas grand-chose d’intéressant durant trois jours, si ce n’est d’être avec mon fiston.
La visite matinale du pédiatre ressemble à un colloques : 1 pédiatre et 4 femmes en blouse blanche derrières qui, chacune leur tour, veulent écouter les poumons du p’tit Nono.
Ce que j’ai appris pendant ce séjour ? que la perf’ est devenue une ‘’VVP’’, une Voie veinale périphérique et qu’à présent l’hôpital peut fournir un certificat médical aux parents d’enfant hospitalisé à présenter à l’employeur. Autrement, rien que nous ne sachions déjà.

Du coup, j’ai pu suivre quelques échanges sur la terre battue de Roland-Garros, entre deux dessins animés débilitants de Cartoon Network et les quatorze parties de toupies quotidiennes. Nadal ? Géant ! Le type mène 6-2, 6-3 et 5-0 dans le dernier set avant le service à suivre de Stan’’bison’’ Wawrinka. Nadal laisse filé le jeu pour conclure le match sur jeu blanc et 6-1.
L’ado qui arrivera plus tard essaiera de convaincre les toubibs que les médocs qu’il a avalé en forte dose ont été ingurgité juste pour vaincre son insomnie et la petite Marie, qui s’est fait opérer de l’appendicite, sera toute triste de ne pouvoir partir en camp avec sa classe dans une dizaine de jours.
Si c’était pénible au début pour le ti Norrin, le mercredi il appuyait un peu trop souvent sur la sonnette qui pendouillait au-dessus de sa tête. Je lui disais que ce n’était pas un jouet, il me répondait : « J’aime bien quand les fermières s’occupent de moi ».
Imparable.

Mercredi soir 19h50, le petit Norrin repart avec sa mère ; 20h 30 je vais voir les collègues : premier regret et jeudi matin, 6 heures du mat’, la manchette du ‘’Matin’’ enfonce le clou :
« La taille du pénis a diminué de 2,45 cm»
L’info du jour affichée au regard de tous se fige au-dessous de la ceinture ! C’est loin d’être une première, je vous l’accorde, mais quand même. Pas étonnant que Tamedia veuille taper dans les effectifs.
Bon, fini l’intro.
Après plusieurs heures de réflexion…

Pleure Marianne…
…de voir tes enfants, abandonnés par leur Patrie, se déchirer, s’entretuer…

Le 19:45, sur M6, conclut son quart d’heure d’information par la question du jour. Le 6 juin, la chaîne demandait si vous (les Français-es) craigniez que la droite se radicalise ? Réponse : Oui, à 51%.
Rien de bien vraiment méchant. Si cela se trouve les extrémistes de droite étaient considérés comme une bande de gastéropodes vaguement cérébralisés, parfois bruyants quand ils pensent avoir des motifs pour  manifester.
Le lendemain, la question portait sur la dissolution des partis d’extrême droite. Là, ce fut 71% des spectateurs qui ont répondu en faveur d’une intervention gouvernementale pour faire disparaître ces groupuscules. Comme l’a réclamé Jean-Marc Héros, un jour après le tragique affrontement qui a entraîner la mort de Clément Meric. C’est qu’entre deux, ces mouvements nationalistes sont devenus un danger pour la sécurité de l’Etat. Les médias ont bien travaillé.

Quand un pote m’a raconté l’événement mercredi soir, j’ai hoché négativement la tête en lâchant un soupir et en me disant : « Font chier ses extrémistes ! » C’est tout.
Je me suis désintéressé du drame jusqu’au lendemain, 19 heures 51.
Jeudi soir je tombe par hasard sur le 19:45 d’M6. L’info à la une était bien sûr le décès de Clément MERIC.
J’apprends qu’il faisait du shopping avant d’être battu à mort par des skinheads suite à une bagarre.
Aurélia témoin de la scène raconte devant les micros et face à la caméra ce qu’elle a vu, décrivant les tenues vestimentaires de certains des belligérants. La journaliste pose une question, qui s’affiche en même temps sur l’écran :
« Du coup, il n’y a pas de doute, c’était bien des skinheads ? »
Premier tilt. Réponse d’Aurélie :
« Euh j’pense, ouais »

Pendant le premier hommage à Clément il y avait, parmi ses amis, des militants anti-fascisme, qui scandaient « Clément, Clément antifa ! » à sa mémoire. Parmi eux on pouvait voir quelques personnes au crâne rasé, dont une avec un joli piercing en boucle d’oreille et vêtu d’un t-shirt noir portant des inscriptions en gothique. Il y avait même un iroquois… Mais pas de blouson en cuir, donc pas de skins.
De mon modeste point de vue, les extrêmes latéraux finissent toujours par se rejoindre dans leurs comportements. Si les motivations changent, les gestes se ressemblent pour détruire ceux qui sont considérés comme les ennemis d’une Nation.
Au soir de l’annonce du décès de Clément, ce seront bien des militants de l’extrême gauche qui tenteront, timidement il faut le reconnaître, de s’en prendre à une élue UMP après avoir fait battre en retraite une autre élue, mais Socialiste cette fois. Cela mérite réflexion, non ? Hitler, modèle d’adoration pour une bande de militants néo-nazis lobotomisés, affichait un rejet du capitalisme qui n’avait rien à envier à son mépris du marxisme.

A 19 h 49 : Jonathan Duron, journaliste, raconte que Clément aurait provoqué la bagarre en voyant les skins et qu’après avoir reçu un violent coup de poing en plein visage, le jeune homme s’est écroulé. « Dans sa chute, la tête de Clément percute ‘’ce’’ plot en fer ».
Clément est transporté à l’hôpital dans un état de mort cérébrale...
Toujours sur M6, 19 h51, Pauline Buisson :
« Voici la photo (floutée) de celui qui est sans doute l’auteur présumé du coup de couteau mortel reçu par Clément MERIC (…) ». La journaliste donnera même son prénom : « Esteban ».
Laurie Milliat-Desorgher affirmera, quelques minutes plus tard, que Clément MERIC a été victime d’un assassinat politique et reliera ce drame aux manifestations qui ont suivi l’adoption de la loi pour le mariage des personnes de même sexe.
Même en Suisse, les médias y sont allés de leurs phrases chocs :
« Cet étudiant de 18 ans a été tabassé mercredi par des skinheads », 20 minutes du 7 juin 2013 ;
« Un jeune homme (…) a été sauvagement agressé à mort mercredi soir » et de conclure le gros titre par : « Les auteurs présumés de l’agression, trois skinheads, ont réussi à prendre la fuite », que l’on pouvait lire sur une édition du Matin ‘’on line’’
Pourtant, au 20 Heures de TF1 du 6 juin, le reportage sera moins catégorique. Une femme racontera avoir vu quatre jeunes hommes se battre à deux contre deux et que Clément aurait voulu s’interposer. La suite est connue, ne change pas : coup de poing, chute, fascisme, nazisme, ‘’Jeunesses nationalistes révolutionnaires’’, ‘’Printemps Français’’ et maintenant ‘’Troisième voie’’…

Ce qui suivait dans le brouillon, parlait de tristesse, de rage, de révolte contre toutes formes de violences gratuites ; je parlais aussi de défiance envers ceux transforment une dramatiquement simple bagarre en un assassinat politique, envers ceux qui voient des profits dans l’hémoglobine et encore plus envers ce gouvernement Français de beaux parleurs dont le seul objectif semblerait être de foutre un plus gros bordel en France que ne l’avait déjà fait Sarkozy.
En écoutant les faits tels qu’ils étaient relatés jeudi, j’ai cru un moment que le verdict futur de la Justice calmerait les esprits. Sauf que l’homme-tronc de la République, François Hollande, demande, depuis le Japon, une « condamnation la plus ferme qui soit  », et super Ayrault veut « tailler en pièces » tous ces partis militants de l’extrême droite, bien sûr. Soit renvoyer dans la nature un petit millier de personnes, selon un journaliste TF1, qui ont autant de conscience qu’un mollusque. Un mollusque musclé.

J’ai presque changé d’avis sur la Justice. Ma perplexité est née en apprenant, par France info, que le poteau en fer avait été retiré de l’équation qui a entraîné le décès de Clément. ‘’L’homicide volontaire’’ en chef d’inculpation semblait se profiler pour Esteban, mais le juge d’instruction en charge du dossier est revenu sur l’intention première en reconnaissant que le prévenu n’avait pas eu ‘’l’intention de tuer’’. Cela permettra-t-il à  Esteban d’échapper à un procès politique ?
Ne concluez pas que je le défende, cela serait faux. Ce jeune doit payer pour le crime qu’il a commis. Je défends juste l’idée que la Justice doit être Humaine et non pas Sociale et encore moins pour l’Etat.
Marianne se noie-t-elle…?

Dans cette plus que tragique histoire, mon pote, Gaspard Hannault, se demanderait comment les deux extrêmes ont pu se retrouver au même endroit, au même étage d’un même bâtiment et ont touché les mêmes invitations pour assister à une vente privée ?
« Assassinat politique !», se sont empressés de clamer les élus de gauche. Et s’ils avaient raison…?
Et si la gauche avait machiavéliquement orchestré depuis des mois la rencontre fortuite de ces extrêmes qui se détestent tant en espérant qu’un jour, pas trop lointain, cela pète grave ?
Et pourquoi !? Peut-être pour canaliser le désespoir d’une jeunesse sans avenir ; pour canaliser la colère d’un peuple qui souffre de perdre ses emplois ; pour oublier de chercher les véritables instigateurs de la misère qui s’installe et réorienter toutes les rancœurs silencieuses, qui s’expriment contre l’Allemagne, sur un ennemi de l’intérieur.
Petite kirsch sur la tartiflette, cela permet au gouvernement de dissoudre, de surveiller, d’interdire ; cela peut aussi entraîner une autocensure chez ceux qui, sans être ‘’homophobe’’, ne veulent pas du mariage homosexuel ; cela peut modérer les propos chez ceux qui, sans être xénophobe, réclament une priorité à l’embauche pour les Française et les Français. La crainte de l’amalgame.

Jeff.

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