samedi 15 juin 2013

Mon beau pays

Quel beau pays que la Suisse. Quiconque vient y séjourner tombe immanquablement sous le charme de ses magnifiques paysages. Un peu comme ce vieux, très vieux sage Chinois qui disait :
« Pourquoi combattre nos envahisseurs ? Dès qu’ils contempleront la beauté et les richesses de notre Empire, ils voudront devenir Chinois. »
Si le Suisse peut paraître, au premier abord, un peu ronchon, une fois qu’il se décrispe c’est un ami fidèle.
Le Suisse est aussi un travailleur acharné qui défend son patron, ses banques, ses multinationales importées et sa Patrie au détriment de sa famille.
Il fait ce qu’on lui dit et vote comme on le lui conseille.
Le Suisse ne veut pas choisir ses présidents, il fait confiance à l’arbitraire des puissants lobbies. De temps à autre il râle contre une augmentation, histoire d’épaissir une conversation de bistrot autour d’un ballon de blanc, mais il finit toujours par payer.
C’est qu’en Suisse il y a une mémoire historique qui nous rappelle que les Bernois ont pété la gueule des romands il y a bien longtemps, que ces mêmes Romands n’ont jamais reçu de réponse à leur requête pour devenir Savoyards, puis que l’armée Suisse qui a tiré sur une foule de manifestants du côté de Genève.
A cela nous ajoutons le scandale des fiches de polices, les arrestations arbitraires et les internés administratifs…
Donc en Suisse, on ferme son clapet et on obéit… Pour la révolution, faut peut-être attendre la prochaine génération. Et encore…

En attendant les Suisses ne roulent pas trop vite, attachent leur ceinture et n’hésitent pas à faire du ‘’présentéisme’’ sur leur lieu de travail pour rattraper les 19'000 heures qu’il passent annuellement dans les bouchons helvétiques.
Même nos hooligans sont gentils. Ils cassent ce que la police leur autorise de casser ou s’acharnent sur des sièges vides au milieu de gradins absolument déserts ; Il peut arriver qu’une bande de gosses de riches parvenus vandalisent leur propre école privée, du côté de Genève, parce que l’assistant du directeur ne les a pas laissé faire leur teuf annuelle dans la cour de l’établissement, mais jamais rien de bien méchant.
Alors imaginez l’émoi quand, à la fin mai 2013, le Matin fait son scoop en annonçant 22 victimes d’homicides en 20 semaines, dont sept rien que pour le seul mois de mai.
Le printemps calendaire qui se pointe, la sève qui monte, les nuages et la pluie qui persiste, toute cette énergie accumulée qu’il faut bien exprimer. Alors à défaut de tirer un coup, on flingue ceux qui nous entourent. Mais quand il se passe quelque chose de criminel en Suisse, c’est obligatoirement la faute des étrangers et des requérants d’asile. Donc la Confédération va renforcer la loi sur l’asile, ça été voté tout dernièrement. Mais même là, on le fait avec amour pour son prochain. D’ailleurs Mme Sommaruga avait dit :
« Le durcissement de la loi sur l’asile protégera les requérants. » Je veux bien, mais de quoi allons-nous les protéger ? De dormir sur un matelas à même le sol en cellule, d’être maltraité par nos gentils policiers et de se retrouver dans un ‘’vol spécial’’… ?
Et l’on a fêté ces jours le centenaire de l’arrivée des premiers immigrés italiens.
Nos xénos locaux, l’UDC, ne sont pas si méchant que cela. Ils râlent contre les étrangers qui viennent piquer du boulot aux Suisses qui, de toutes façons, ne veulent pas le faire et sont les premiers à ensemencer leurs terres agricoles de travailleurs importés et payés au lance-pierre. Une catapulte, plutôt. On trouve même un poète-écrivain de l’extrême droite, un poil schizo, qui rêve de décrocher un pulitzer. ‘’Janus’’, qu’il s’appellerait…
Pays de paradoxes…

On ne jure que par la sacro-sainte liberté individuelle mais le gouvernement veut une nouvelle loi sur la surveillance afin que le SRC (Service de renseignement de la Confédération) obtienne autant d’infos sur ses concitoyens que n’en dispose les States, ou l’UE et redonner de la vigueur à l’érection de M. Maurer, notre chef des armées ; On veut notre liberté individuelle en gardant notre secret bancaire qu’on offre en pâture à la justice américaine ; On réclame l’égalité pour tous, mais je ne peux déduire aux impôts une amende de parking, eue avec mon véhicule professionnel, alors que les banques pourront déduire dans leurs comptes annuels les frais de justice qui seront versé à l’Oncle Sam pour réparation de leur saloperie de comportement, une égalité que les parlementaires réclament aussi pour leurs petites fesses douillettes en exigeant un meilleur papier de toilette. Sans dèc’… la qualité du PQ a été débattue en session de printemps des Chambres fédérales à Berne. Les parlementaires se plaignant de ne pas pouvoir bénéficier d’un papier wc triple couche et en pure cellulose comme leurs supérieurs politiques, soit les conseillers fédéraux et la chancelière C’était dans le 20 minutes du 10 juin 2013, sauf erreur de date.
Chez nous la responsabilisation individuelle est prônée unilatéralement par nos politiciens. Des bureaux et des chefs sont formés presque à tour de bras, mais vous ne serez jamais au bon endroit, du premier coup lorsque vous aurez à résoudre une situation litigieuse… ; les prestations des services publics augmentent proportionnellement au restrictions budgétaires et aux licenciements des employés ; les administrations communales font des horaires non-stop, mais ne sont joignables téléphoniquement que le matin avant 11 heures…
On vante la beauté de nos paysages, la richesse de nos traditions et la sauvegarde de notre patrimoine, mais on s’insurge contre une Lex Weber, on se dit que ‘’Stress’’ pourrait revisiter notre hymne national et on programme la disparition de la paysannerie.
« Heureux pays où les gens n’ont pas faim et où l’agriculture est presque de trop ! »
Disait André Bugnon, conseiller national UDC/ Vaud, dans le 24 Heures du 20 septembre 2012.

‘’SuisseTourisme’’ vante les valeurs traditionnelles du pays dans ses pubs, mais pour Philippe Leuba, conseiller d’Etat vaudois (PLR) « La nation Suisse n’existe pas ! » Du moins pas le 29 mai 2013.
« Nation », selon mon vieux petit Larousse de ’99 qui ne saura jamais ce qu’est une bombasse :
« Grande communauté humaine, le plus souvent installée sur un même territoire et qui possède une unité historique, linguistique, culturelle, économique plus ou moins forte. »
Il est vrai que notre petit pays possède quatre langues nationales, sans l’anglais et un nombre incalculable de verbiages montagnards ; il est également vrai qu’une sorte de frontière invisible nord-sud, nommée ‘’Röstigraben’’, sépare notre pays ; que les ‘’Totos’’ n’aiment guère les ‘’Welsches’’ et que la réciproque est juste ; que Zoug et Vaud pourraient se livrer une sorte de bataille fiscale secrète pour savoir lequel des deux cantons offre les meilleurs forfaits, que l’EPFZ est en concurrence permanente avec l’EPFL, etc…
Alors, à moins que Mr Leuba n’envisage de faire sécession et d’opposer ‘’Solar Impulse’’ aux futurs ‘’Grippen’’ de Maurer, la Suisse reste une nation.

Bref la Suisse c’est un petit coin de paradis douillet et sécurisé. Un pays dans lequel l’intégration se réussi via le compte en banque qui définit votre position sociale…
Si vous avez la malchance d’avoir été un jour mauvais payeur, cette situation vous poursuivra à vie par le biais de l’extrait de l’’’Office des poursuites’’ qui doit être absolument plus vierge que la Marie et sans tâches pour obtenir un bail à loyer décent, un petit crédit pour une voiture et que sais-je encore…
Une ardoise vieille de 13 ans auprès de Swisscom, dont il n’est pas à l’origine mais quand même responsable, empêche un pote de pouvoir bénéficier de ces abonnements qui offrent toutes les communications gratuites, ce qui lui permettrait d’économiser une centaine de francs par mois en téléphonie. C’est compréhensible et défendable, d’autant plus que Swisscom n’a aucune obligation de faire affaire avec nous et que si Swisscom le fait, c’est uniquement dans l’intérêt de ses actionnaires.
Par contre et en allant dans les extrêmes, vous pouvez être un chauffard multirécidiviste, récupérer cinq fois votre permis après autant de retraits, être à nouveau sous l’emprise de l’alcool et tuer une personne en contresens sur l’autoroute pour 18 mois d’emprisonnement et reprendre le volant une fois sorti ; vous pouvez être un pédophile psychopathe et trouver un bon psy pour vous remettre en liberté et trucider une ado.
Mais dans ce pays et les économies avancées (comme on les appellent maintenant), qui ont fait de l’argent l’étalon Or des valeurs sociales, le moindre non-paiement d’une facture quelconque est un outrage magistral qui mérite une sanction à vie.

NEMo.

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