mercredi 15 mai 2013

Comment se débarasser de son prochain...

... sans trop de soucis.

Vous pourriez faire basculer accidentellement votre conjoint-e par-dessus la rambarde d’un bateau et la regarder couler sans intervenir. En criant à l’aide, bien entendu.
Il vous suffit juste de dire, les yeux pleins de larmes, que vous ne savez pas nager.
La Justice ne vous  reprochera pas de ne pas avoir mis votre vie en danger pour secourir votre moitié.

Il y a aussi tout plein de cas relevant de la psychiatrie. Un domaine de la médecine de la tête dans lequel tout plein de spécialistes peuvent vous déclarer irresponsable.
Dans un pays où l’un des credo politique est la responsabilisation du citoyen, les docs psy ont de beaux jours devant eux pour démontrer, à ceux qui en poseraient la question pourquoi, Monsieur « X » ne peut pas être tenu responsables de ses actes.
Saisir le couteau de cuisine pour trucider son époux dans un accès de folie-panique est défendable. Mais ce n’est pas le meilleur moyen pour se débarrasser de quelqu’un de gênant.
L’arme parfaite, pour le crime presque parfait c’est : la voiture. Sauf si vous êtes jeunes et de provenance exotique. Là, cela se complique, et il vous faudra recourir au poison. Les champignons font assez bien l'affaire. Bien entendu, il est préférable que la victime éventuelle soit fan de ce genre d'aliment.
Autrement, si vous êtes Suisse, sans un passé chargé en petites contraventions et autres excès, vous pourriez reculer sur votre compagne et ne pas sentir le choc, ou le sentir deux mètres plus loin.
Il est aussi possible de rouler bourré en contresens sur l’autoroute et d’encastrer un véhicule en tuant son conducteur, sans que les sanctions ne soient à la hauteur du crime.
Le texto urgent en roulant à plus de 120 km/h sur l’autoroute peut justifier votre inattention. Une inattention qui sera beaucoup plus sanctionnée par le Service des automobiles que par la Justice civile. J’exagère ? Pas si sûr…

En juillet 2010, un homme de 42 ans a tué deux personnes au bord du lac de Zurich, avec son véhicule.
Lors de son procès, il a prétexté avoir perdu le contrôle de son véhicule à cause d’une crise d’épilepsie.
Comme se brave banquier est détenteur d’un permis valable et n’ayant pas d’alcool dans le sang au moment des faits, l’avocat de la défense a demandé la remise en liberté pure et simple de son client. Et vu que gentilhomme n’avait pas refait de crise d’épilepsie depuis quatre ans. Le procureur a suivi… C’était dans le 20 minutes du 10 mai 2013.
Non content de nous ruiner, les banquiers peuvent nous zigouiller tranquillement !

Comme je le disais plus haut, dès qu’une partie de la population demande des restrictions pour calmer les excès de n’importe quel genre, une droite libérale et agrarienne s’empresse de nous rappeler que nous sommes de grandes personnes responsables qui doivent savoir ce qu'elles font. Prendre des mesures restrictives à cause d’une minorité de loubards en culotte courte serait antidémocratique et surtout une atteinte aux libertés personnelles.
Faut pas croire pour autant que nos élus se foutent de la sécurité routière. Que nenni! D'ailleurs la loi c'est renforcée contre les chauffards qui roulent trop vite et se beurrent la gueule en week-end. Les mesures prises depuis le début de cette année ayant dans leur ligne de mire les assassins du macadam du week-end, sont appliquées en force le week-end. Que ceux qui en font les frais soient en possession d’un passeport non Suisse et socialement pas très bien intégré et consommant des boissons exotiquement importée n’est qu’une pure coïncidence.

Vous avez certainement entendu parler de Sanil Tripathi. Un type sûrement sympa au patronyme typiquement pas américain. Ce brave homme a été accusé à tort d’être à l’origine des attentats de Boston par un site de détective privé amateur et de milice locale. D’après ces aliénés du Patriot act, Sanil Tripathi ressemblait traits pour traits au suspect numéro 2 du FBI.
Qu’il ait été retrouvé mort noyé, le 23 avril 2013, dans une rivière de Rhodes Island n’est sûrement qu’un dramatique accident. Peut-être que celui qui l’a aidé à tomber ne savait pas nager…
Une fois le cadavre retrouvé et la lumière faite sur ces fausses accusations, les auteurs de cette ‘’chasse à l’homme’’ se sont contentés de s’excuser publiquement, via leur site, en regrettant les torts qu’ils auraient pu causer à Mr Tripathi. Et bien sur il n’y a rien d’officiel pour relier les deux faits.
Facile, non ? D’autant plus qu’il y a l’utilisation du mot magique qui autorise tous les excès : Terrorisme.
Mais le terroriste des uns n'est-il pas le héros des autres...?

Si la menace invisible d’un poseur de bombe, qui pourrait tuer des civils innocent et effrayer une population locale, est qualifiée de terroriste, comment, dès lors, définir la menace invisible d’un drone, qui peut faire exploser n’importe quel quartier dans le monde, avec une préférence pour le Pakistan et l’Afghanistan, en tuant des civils innocents ?

A quel moment la mort d’une personne devient-elle tolérable, excusable, recommandable ?
Selon quels critères sélectifs peut-on décider que telle ou telles personnes peuvent mourir ?

La migration des personnes est aussi un exemple du pouvoir de vie ou de mort que des civilisations bien pensantes détiennent sur les démunis.
Combien de cadavres reposent au fond de la Méditerranée à cause de la myopie des Etats européens ?
Et dans l’Océan Indien, l’Atlantique ou le Pacifique… ?
De temps en temps le calvaire des boat-peoples finit dans les journaux, certaines personnes crient au scandale mais, au final, l’opinion publique fini par se laisser convaincre que ce n’est qu’un fait isolé, un coup de malchance, trop occupée, qu’elle est, à lustrer son pouvoir d’achat.

Revenons en Suisse pour finir. Il y a quelques années un procureur vaudois a condamner un fils adoptif pour avoir tuer sa mère. Un procès orienté pour un meurtre sans cadavre et avec un témoignage qui plaçait géographiquement l’accusé ailleurs au moment des faits reprochés. Le procureur n’a pas cru un seul instant en la parole de l’accusé qui répétait son innocence.
Il y a quelques jours un procureur zurichois a innocenté un banquier qui a prétendu avoir eu une crise d’épilepsie au moment des faits reprochés. Sans témoins, si ça se trouve...
La parole d’un banquier est tellement plus crédible.

Drôle de justice, avec un ‘’j’’ minuscule, bien sûr.

NEMo.

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