samedi 5 avril 2014

Le meilleur de nous-même.

Dans un monde idéalisé, l’enfant qui paraît deviendrait la symbiose réussie de ce qu’il y a de meilleur dans le cœur et l’esprit de ses parents et, par conséquent, les générations à venir devraient être meilleures que les précédentes. Alors, sommes-nous meilleurs que nos ancêtres et le genre humain se bonifiera-t-il encore grâce à nos descendants ?
L’amélioration de notre hygiène de vie en général a contribué au recul de la mortalité infantile tandis que les découvertes de la médecine ont permis de sauver ces vies par la suite. A un point tel qu’aujourd’hui, certains technodocteurs professeurs-chercheurs émérites de notre santé, avancent que notre espérance de vie augmenterait de trois mois chaque année…
Du coup je pourrais affirmer que les enfants qui naissent de nos jours, dans ce cocon de civilisation moderne qu’est le notre, sont en meilleure santé et plus robustes que les enfants nés il y a moins d’un siècle ? Permettez moi d’en douter…
 
Si je ne partage pas l’enthousiasme des éminents spécialistes de notre santé physique, je pense qu’intellectuellement, il n’y a pas photo.
L’accès facilité à une très grande partie du savoir et des connaissances humaines favorise et encourage le développement, voire la maturation, de l’esprit. Cette très nette amélioration de nos ‘’savoirs’’ multiples pourrait poser la question de savoir si la qualité de nos connaissances est proportionnelle à la quantité d’informations emmagasinée ? Pour faire simple : Est-il préférable d’en connaître ‘’juste ce qu’il faut’’ sur tout, ou être incollable dans deux, voire trois, domaines spécifiques ?
L’enseignement public qui doit préparer et fournir les employés de demain met en place de nombreuses ‘’passerelles’’ qui donnent aux élèves la possibilité de ‘’changer’’ de classe en fonction des résultats obtenus en cours d’année, de changer de ‘’spécialisation’’.
Un élève ‘’X’’ peut passer à un programme scolaire supérieur si ses évaluations le placent bien au-dessus de ses copains de classes (l'inverse est aussi possible) ;
un élève ‘’Y’’ peut se lancer dans des branches techniques une année et finir dans les langues mortes l’année suivante.
L’école argumente que ces possibilités migratoires sont là pour aider l’élève à trouver la voie qui lui conviendrait le mieux et favoriser l’apprentissage des matières concernées.
Cette migration scolaire se retrouve dans le monde professionnel : les employés restent entre deux ans et demi et trois ans chez le même patron. Les différents coaches en réalisation personnelle arguent que cette instabilité professionnelle est valorisante dans le fait qu’elle nous permettrait d’élargir le champs de nos connaissances. D’un point de vue muet du patronat, cette volatilité conseillée du personnel est du pain presque béni : Pas besoin de trop réfléchir sur des plans sociaux liés aux prochaines restructurations. Le personnel migre de lui-même.
Il y a une trentaine d’année, les patrons rechignaient à lire les CV long comme un jour sans pain, surtout si le trois quart des infos racontait vos multiples expériences professionnelles de 12 à 18 mois. Les patrons de l’époque engageaient sur le long terme et favorisaient la persévérance.
Aujourd’hui on peut changer de classe au (presque) au gré de nos envies ; on change de copine au gré de nos envies ; on quitte des jobs et on divorce pour des caprices d’ados post pubères qui ne supportent pas de prendre des pieds au cul.
Cela rend-il, et rendra-t-il nos enfants meilleurs que leurs petits copains du siècle passé ?
En un siècle les perspectives professionnelles, la santé et confort de nos futurs hommes se sont considérablement améliorées. Pourtant, il y a plus de suicide chez les jeunes (jusqu’à 25 ans) de nos jours, qu’il y a cent ans. Pourquoi ?
Une des réponses est à chercher dans l’accompagnement des enfants, par leurs parents ou des proches du cercle familial, qui garantissait une certaine sécurité autour de l’enfant, le mettant ainsi en confiance.
L’enfant ne se retrouvait jamais seul, livré à lui-même, lors des examens, des rites ou autres épreuves jalonnant son développement jusqu’à l’âge adulte. L’enfant savait que les parents, ou autres ‘’examinateurs’’, étaient présent et prêt à intervenir si les choses devaient mal se passer.
Prenons l’exemple le plus banal qui puisse être : Apprendre à marcher.
L’exploit ‘’physique’’ cache un formidable travail du cerveau qui doit coordonner le fonctionnement de quasiment tous les muscles du corps pour déjà 1° : trouver une position d’équilibre puis, 2° : déstabiliser le corps pour le mettre en mouvement en passant par des points d’équilibre alternatifs successifs.
Mais au-delà de ce fantastique travail cérébral de ‘’calcul’’, le plus important reste la confiance de l’enfant induite par son entourage pour qu’il, ou elle, lâche la chaise, le coin de la table ou du canapé pour "Oser" aller vers les bras qui se tendent à une distance, ma foi bien lointaine, la première fois.
Le courage de se confronter au déséquilibre du ‘’vide’’ est pris parce que l’enfant sait, sans pouvoir l’exprimer, que ces bras qui l’attendent, et qui l’ont jusqu’à présent toujours porté, vont le rattraper s’il trébuche. L’enfant devine que l’adulte sera là pour l’aider à se relever et le réconforter s’il venait à tomber. Ca, c'était avant!
N’est-il pas pitoyable d’observer que les gamelles de nos petits bouts alimentent de plus en plus les séquences, "zapping", "vidéos gag" et autres "bêtisiers" sur nos chaînes de télés et que nous puissions en rire ?
Mais surtout, sur quel soutient de ses parents pourra compter l’enfant plus tard, si ceux-ci se gondolent déjà sur les chutes de leur progéniture ?
 
Parce que nous ne vivons pas dans un monde de Bisounours il faut leur apprendre la frustration, l’échec, l’humiliation, et j’en passe, pour les préparer au monde de l’adultère.
« Nous ne vivons pas dans un mode de Bisounours », excuse débile fournie par des personnalités égocentrées attachées à leur vénale réussite et qui ne voient la vie que d’un seul œil.
A mesure que nos enfants grandissent, nous leur retirons leurs rêves, notre soutient et notre confiance. Je comprends que l’opinion publique préfère taire le suicide chez les jeunes…
Mais avant d’en arriver là, nous leur avons aussi enlevé leur ‘’magie’’, leur aptitude à être en relation avec la Réalité pour leur imposer notre réalité.
A 8 mois, Norrin avait saisi le principe du « Kotegaïshi » ;
à une année et des poussières, sa mini main ‘’colle’’ sur une bouteille de soda en PET de 2 litres, vide au deux-tiers, lève la bouteille et la ramène vers lui ;
à deux ans, il casse les pieds à sa mère pour qu’elle réponde au téléphone, qui sonnera trente secondes plus tard ;
à 3 ans il sort de sa chambre en disant « Je veux voir Franklin et ses amis », il allume la télé et tombe sur « Franklin et ses amis » ;
à 4 ans il me soutient mordicus que Thomas, qu’il voit pour la première fois, lui a dit « Bonjour », cela fait deux ans que je transporte cet enfant handicapé et JAMAIS un mot n’est sorti de sa bouche. Ni dans la voiture, ni dans la classe spécialisée qui l’accueille, ni chez lui. J’ai demandé.
Il y a quelques mois, mon ti bonhomme se redresse d’un coup sur son lit en pleine nuit, me réveille et me montre avec insistance le Monsieur dans le coin de la chambre. Bibounette avait souvent la compagnie d’un ‘’ombre’’ dans sa chambre aussi et Shaïma croise/croisait régulièrement des chats ‘’imaginaire’’ dans son appartement, ce qui lui a fait très peur.
Et je suis sûr que ce ne sont pas des cas isolés, que dans chaque famille il s’est produit de petits événements que l’esprit logique des adultes s’est empressés de ranger dans la case ‘’hallucinations’’ de son cerveau puis de les oublier. C’est vrai quoi, on habite pas à Euro Disney ! comme dirait Samin.
 
Nos enfants viennent au monde avec la connaissance de ce qui fut, ce qui est et de ce qui sera, disait la grand-mère. Nos enfants sont empli d’une ‘’magie’’ qui leur permet de voir des choses que nous avons oublié de regarder. Ils essaient tant bien que mal de nous montrer l’Univers qui entoure notre petite réalité, de nous montrer une autre voie à suivre mais nous nous refusons de les écouter.
Je finirai avec cette petite histoire qui s’est déroulée alors que le ptit Nono devait avoir trois ans et des brouettes.
Un bel après-midi de dimanche qui avait motivé une promenade en forêt. Après avoir marché un bon moment, je regarde le ciel au travers des branchages des arbres qui nous cernaient et lâche :
« Oh oh, nous sommes perdu… »
Et là le ti bonhomme que je portais contre moi, pose ses petites mimines sur mes joues, me regarde droit dans les yeux et me dit, d’un air ‘’sérieux’’ :
« On est pas perdu, on est là.»
 
Et si nous revenions là?
 
Nemo.

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