lundi 11 août 2014

L'insaisissable tueur.

Les premiers cas de la fièvre hémorragique virale aiguë qui m'intéresse furent identifiés en 1976 dans une ville du nord du Zaïre (actuelle République démocratique du Congo).
318 personnes furent infectées près de Yambuku, et 280 périrent. La maladie, proche du Virus Marburg, prendra le nom d’une rivière passant pas loin de la localité et deviendra ce tueur implacable qu’est Ebola.
Ebolavirus fait partie de la famille des filovirus (filoviridae) et se sépare en 5 espèces se rapportant aux régions dans lesquels le virus fit une apparition ces 40 dernières années: ebolavirus Bundibugyo, Forêt de Taï, Reston, Soudan et Zaïre. Le dernier nommé, mais aussi le premier découvert, étant probablement la souche virale à l’origine de l’épidémie qui touche actuellement l’Afrique de l’Ouest.
Les recherches concernant ce virus ont amenés les scientifiques à conclure que la chauve-souris, notamment la Roussette d’Egypte, serait vraisemblablement le réservoir naturel d’Ebola. Des anticorps et des séquences d’ARN viral d’ebolavirus Zaïre ont aussi été découverts dans trois autres espèces de chauves-souris frugivores tropicales.

Le fort taux de contamination, une mortalité pouvant atteindre 90% des malades infectés et ses apparitions sporadiques dans des régions défavorisées ou éloignées font, que pour l’instant, le cycle naturel du virus est mal connu. L’hypothèse actuelle pose que la chauve-souris serait un porteur ‘’sain’’ qui peut infecter les singes, les porcs domestiques et l’homme par contact direct ou en mangeant de la viande contaminée (consommation de viande de brousse ou de chauve-souris).
Cependant il a été observé, sous des conditions expérimentales, qu’Ebola arrivait à se propager par des gouttelettes ou des particules aérosol.
Son incubation peut aller de 2 à 21 jours (généralement de 5 à 12 jours) et le décès survient entre 6 et 16 jours après le début de la maladie. A ce jour il n’y a aucun remède ou vaccin connu, même si un vaccin expérimental, le ZMapp uniquement testé sur des singes, aurait été récemment injecté à deux patients américains, rapatriés sous haute surveillance vers Atlanta (1).

Même si jusqu’à présent Ebola s’en est pris qu’aux pays Africains : République démocratique du Congo (Zaïre), Soudan du Sud, Ouganda, Côte d’Ivoire, Guinée, Libéria et l’Afrique de l’Ouest ces dernières semaines, Ebola n’a pas uniquement sévit que sur le continent Noir.
En 1983 une souche du virus fut découverte à Reston (Virginie) aux Etats-Unis. Les recherches ont permis, en 1989, de retracer l’origine du virus jusqu’au macaque crabier qui vit aux Philippines. Une espèce de singe présente également en Chine.
Des sources officieuses (Nice-Provence info)  prétendent que le virus est présent en Italie, où une quarantaine d’immigrés clandestins seraient maintenus en isolement total du côté de Pise, et que des cas d’Ebola auraient été détectés en Toscane. Info, intox ou psychose ?
Il n’en demeure pas moins que les gardes frontières qui travaillent sur l’île de Lampedusa (comme leurs confrères Siciliens ou Espagnols en terre marocaine) sont la première ligne de défense face à une possible ‘’immigration’’ clandestine du virus et, toujours selon des sources non officielles, près de 90% d’entre-eux auraient refusé de se rendre sur leur lieu de travail ces derniers temps.

Alors Ebola est-il en Europe ? Question à laquelle aucun officiel, aucun gouvernement ne peut ou ne veut répondre. Selon Bruxelles, les risques de voir Ebola se balader joyeusement dans l’UE sont « extrêmement faibles » ; tandis que l’OMS parle d’une « urgence de santé publique de portée mondiale », après avoir annoncé il y a quelques jours que l’épidémie était « hors de contrôle ».
Pourtant nos médias insistent sur le faible risque que représente Ebola pour nous autres européens et prétendent que l’effondrement des économies des pays touchés par l’épidémie nous serait plus préjudiciable. Voir la une du Matin dimanche (10.08) ou Libération qui écrit que les « dommages collatéraux [pourraient être] pires que ceux du virus. » (2).

C'est vrai quoi! Pourquoi s’inquièterait-on du sort de populations Noires qui de toutes façon vivent dans une misère sans nom, corrompues jusqu’à la moelle et dont l’espérance de vie n’excède pas 55 ans ? Dans un monde de rentabilité et de profit la Guinée est perçue comme le 5eme producteur mondial de bauxite (chiffre 2011) ; les horreurs commises au Sierra Leone ne pèsent rien dans un pays regorgeant de ressources minières exceptionnelles et le Liberia est un exportateur de minerai de fer. Quant au Nigeria, ses ressources pétrolières- 12ème producteur mondial, et gazifières- 22ème, en font un géant du continent, dont le PIB représente près du 70% de celui de toute l’Afrique de l’Ouest ; le pays est aussi le premier producteur mondial de manioc et le 4eme de cacao (chiffre 2012). La fermeture des frontières du continent Africain serait une catastrophe économique. Oncle Barack ne s’y pas trompé.
Plus haut sur le globe, dans un Europe qui se cherche une croissance, l’annonce de la présence d’Ebola sur le vieux continent aurait des répercussions économiquement désastreuses ; de nombreux gouvernements misent sur le tertiaire, pour gonfler leur PIB respectif, alors que le seul moyen efficace de se préserver d’Ebola est l’isolement ou le confinement.

Durant ces quatre dernières décennies, les apparitions d’Ebola sont restées concentrées dans une seule et même région, ou pays, par épidémie. Aujourd’hui ‘’il’’ se propage dans quatre Etat différents.
Durant les épidémies précédentes, Ebola sévissait plutôt dans le centre de l’Afrique. Aujourd’hui, il s’est exporté et il semble voyager sans trop de difficultés.
La première épidémie d’Ebola recensée en 1976 a tué 88% des patients infectés ; en 2014, la probable même souche infectieuse, voit son taux de mortalité baisser aux alentours de 60%.
Bien que ces chiffres soient dans le râteau proposé par les scientifiques médicaux experts épidémiologiques, on peut aussi se demander si cette baisse de ‘’mortalité’’ ne rend pas le virus plus dangereux ? Un peu comme s’il avait ‘’appris’’ que pour vivre plus longtemps, il ne fallait pas se débarrasser de ses hôtes trop rapidement…

Nous sommes loin encore des scènes de distributions de nourritures filmées dans ‘’Contamination’’ et il est plus que probable que nous y échappions. Comme il paraît peu probable de voir l’Humanité disparaître massivement, style Planète des singes, 28 jours plus tard ou Resident Evil.
En attendant, certaines compagnies aériennes dont British Airways ou Lufthansa ont récemment supprimé leurs liaisons avec l’Afrique de l’Ouest, et les populations allemandes ou espagnoles sont en proies à de fortes inquiétudes (3). Ce qui pourrait être fort compréhensible vu que le virus est officiellement sur le sol européen. En Espagne plus précisément, mais sous haute surveillance (4).

Si Ebola a inspiré quelques réalisateurs de Hollywood à Hong-Kong, il peut aussi éveiller les convoitises de personnes peu ‘’recommandables’’. En 1992, la secte japonaise Aum Shinrikyo, profitant d’une épidémie, tente en vain de se procurer le virus Ebola au Zaïre, lors d’une mission « humanitaire » menée par le gourou en personne avec quarante autre membres de la secte [wikipédia - Ebola - Bioterrorisme]
En 2006, c’est le docteur Eric Pianka qui, devant un parterre d’étudiants universitaire, défend l’extermination de 90% de la population mondiale par le virus Ebola qui, selon lui, est capable de se transmettre par la voie des airs (5).
Même si les propos de M. Pianka ont été censurés par les médias, son idéologie qui réclame une terre avec 500 millions d’habitants et sa pensée sur l’être humain qui ne vaut pas mieux qu’une bactérie ont reçu un accueil plus que favorable de la part de son auditoire. Ce qui ne surprend qu’à demi mesure dans un pays, les Etats-Unis, qui a quand même tenté de se débarrasser de ses Noirs pauvres à l’aide de maladies volontairement transmises au sein de ses populations défavorisées (5).

A l’heure des conflits ethnico-religieux généralisés, dans lesquels chaque belligérant rêve secrètement d’éradiquer définitivement ses ennemis, imaginer qu’une quelconque armée puisse mettre la main sur une telle arme aurait de quoi donner quelques sueurs froides à n’importe quel dirigeant.
D’un autre côté le fameux ZMapp, dont je parlais plus haut et qui me fait penser à World War Z, est issu d’un programme financé par le gouvernement US et l’armée américaine en collaboration avec les autorités sanitaires canadiennes (1). Pur hasard calendaire, les premières injections de ce vaccin miracle précèdent de quelques heures l’annonce de M. Obama qui, lors d’un sommet USA-Africa, a promis d’investir quelques milliards de dollars en faveur de l’économie Africaine.
Nous pourrions applaudir en oubliant que le continent Africain est l’objet de toutes les convoitises et penser que ce geste et guidé par une pure volonté philanthropique en lien avec ses origines ‘’black’’.
Vous avez souri ? Moi aussi…

De 1976 à 2007 les épidémies recensées ont principalement touché des pays exportateurs de bois (RDC, Congo, Gabon et Ouganda). Des épidémies que j’ai envie de lier à des intrusions de l’homme dans un milieu sauvage dans lequel il n’a plus sa place ; des épidémies qui auraient pu être une réponse de la biosphère locale face à la déforestation.
Ebola est un insaisissable tueur, une saloperie, qui devrait rester dans la forêt et nous, nous ne devrions pas entrer dans la forêt.
Mais je ne me fais pas trop de soucis. L’homme, du sommet de son arrogance, trouvera le remède, le monnaiera, et tout rentrera dans l’ordre pour que nous puissions poursuivre notre chemin, sans but, en consommant, en détruisant irrespectueusement les cadeaux de la Terre et remplissant notre quotidien d’items vides de sens.

Nemo.

Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Virus_Ebola
(1) : http://www.lepoint.fr/sante/un-remede-miracle-contre-le-virus-ebola-05-08-2014-1851704_40.php
(2) : http://www.liberation.fr/terre/2014/08/08/les-dommages-collateraux-d-ebola-risquent-d-etre-pires-que-ceux-du -virus_1077849
(3) : http://french.ruvr.ru/2014_07_07/Le-virus-Ebola-va-t-il-sevir-en-Europe-3716/
(4) : http://www.courrierinternational.com/une/2014/08/08/le-virus-en-europe-mais-sous-haute-protection
(5) : http://conscience-du-peuple.blogspot.ch/2012/01/le-scientifique-dr-eric-r-pianka-defend.html

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