jeudi 1 novembre 2012

Petites augmentations...


Dans les augmentations classiques, ponctuelles, annuelles, il y a celle qui revient inlassablement depuis plusieurs décennies nous saper le moral trois mois avant Noël: l’augmentation de nos primes d’assurance-maladie. Prise comme ça, ponctuellement sur une année, c’est pas méchant: Entre 1 et 3%.
Sur une prime à 300 francs (arrondi) cela fait quoi? De 3 à 9 francs en plus à rajouter mensuellement.
Un paquet de clopes en moins par mois ou un resto modeste économisé sur l’année.
Où ça commence à coincer, c’est quand l’augmentation de prime coïncide avec une année de révision des subsides pour les assurés (une aide étatique allouée aux ménages qui n’ont pas les moyens de s’acquitter de leurs primes d’assurances sans envoyer leurs enfants se nourrir chez Caritas).
Un pote que je connais bien a vu, la même année (celle en cours), sa prime d’assurance-maladie grimper d’une petite dizaine de francs, et son « subside » diminuer. Sans que ses revenus ne soient modifiés d’un iota. Ce qui au final lui fait une augmentation mensuelle de sa prime d’assurance-maladie de presque 100 francs.
En gros 30% d’augmentation d’un coup dans les gencives. Le truc qui ravage le semblant de budget ménage mis péniblement sur pieds, tandis que tous les acteurs de cette sinistre farce sont hypocritement désolés.

Une autre augmentation, annoncée depuis le début de l’année déjà, concerne la « vignette autoroutière ». Un petit bout de papier coloré bizarre, hautement adhésif, à coller sur le pare-brise du véhicule (ainsi que sur chaque truc qui roule) qui emprunte le réseau autoroutier Suisse. Le prix actuel: 40 francs. Son futur prix? Nous l’ignorons. Nos élus n’arrivent pas à se mettre d’accord, mais cela se situera entre 70 et 100 francs, soit une augmentation comprise entre 75 et 150% !!!
Dit comme ça, c’est vrai que cela impressionne (un peu). Mais comme le Suisse est riche et qu’il ne peut se passer de sa voiture, il paiera. Et puis, d’un autre côté, pour celui qui passe son temps sur le réseau autoroutier Suisse, le prix de la vignette, ramené au nombre de kilomètres parcourus, est vraiment dérisoire. Tellement ridicule que l’on pourrait se demander si ce n’est pas l’Etat qui devrait nous payer pour que nous utilisions ses autoroutes
Il y a plusieurs décennies, quand nous n’étions même pas une lueur de désir dans l’œil à papa, la Confédération s’est lancée dans la construction de son réseau autoroutier. Le gouvernement décida. À l’époque, que son financement se ferait par biais d’un prélèvement de quelques centimes, ou quelques dizaines de centimes, sur chaque litre d’essence vendu aux particuliers conducteurs.
Cette taxe devant aussi permettre à l’Etat d’accéder aux ressources financières nécessaire pour l’entretien du dit réseau. L’introduction de la vignette est venue pour renforcer cette première taxe alors que le nombre d’automobiliste ne cesse d’augmenter, tirant à la hausse la consommation d’essence, qui augmente les recettes de l‘Etat…
Aujourd’hui, quand l’Etat dit qu’il n’y aurait plus assez d’argent pour l’entretien, et la création de nouvelles routes (on se demande bien pourquoi ou comment?), il est demandé, en gros, aux automobilistes qui utilisent les autoroutes de payer pour avoir de nouvelles routes principales
Le détenteur d’un véhicule automobile est une vache à lait, dit-on. Nos paysans veulent augmenter le prix du lait.

Dans l’immobilier, ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère non plus. Il y a une trentaine d’année, un 5,5 pièces, avec cheminée, dans un lot d’immeubles fraîchement construit juste en périphérie de la zone urbaine de Vevey coûtait, à l’achat, entre 350’000 et 400’000 suivant l’étage.
A la Tour-de-Peils, le bourg voisin, il se construit des appartements dont les prix de ventes démarrent à 780’000 francs pour un deux pièces et demi. Le 4,5 pces frise le million. Le tout dans un futur quartier pris en sandwich entre une route qui deviendra très rapidement principale et une ligne de chemin de fer à fort trafic. Dans le même bled à bourges, presque au cœur de la circulation, la maison 8 pièces se négocie à trois millions de francs…
Une amie à trouvé un joli appart trois pièces et demi situé en centre-ville, il y a bien dix ans, pour 1200 charges comprises. Il y a 4 ou 5 ans, quand un tout vieil hôtel fut rénové 100 mètres plus haut, un appart identique se louait à partir de 1’600 francs. Avec vue imprenable sur le merdier de circulation de la Place de la Gare de Vevey. Aujourd’hui, pour un subventionné dans un bâtiment «Minergie», on commence à discuter à 1800 francs…
S’il y a encore dix ans une règle interne (parmi tant d’autres), dans les agences immobilières était de ne pas attribuer un objet dont la valeur locative excédait le tiers des revenus des preneurs de bail, de nos jours, ces mêmes agences consentent à nous lâcher dans des apparts dont le loyer nous bouffe la moitié de notre salaire.
Ma foi, tout le monde sait que la première facture dont nous nous acquittons concerne le loyer de l’appartement. Allez savoir pourquoi…!?

Restons logement, et causons déménagement. Plus précisément: Le ‘’changement d’adresse‘’.
Dans le kit du parfait déménageur, la Poste met à disposition toute la paperasse qui est nécessaire pour indiquer à ceux qui nous envoient tout plein de factures, et les catalogues qui plaisent aux femmes, où nous trouver. Il y a aussi le fameux formulaire de changement d’adresse qui fini dans l’informatique postale, histoire que le courrier de tous ceux que nous avons omis d’informer de notre migration, arrive chez le bon destinataire.
Si je ne m’abuse, ce ’’service’’ coûtait, jusqu’en mars de cette année, la modique somme de: 15 francs.
Depuis avril 2012, pour requérir à ce service vous débourserez: 42 francs… Soit 280% de plus!
Une augmentation inversement proportionnelle aux prestations de la Poste qui multiplie la fermeture de ses petits offices, si utiles aux citoyen-ne-s vivant à l’écart des centres urbains.
Plus de Béglé; moins de Postes, moins de places d’apprentissages, moins d’employé-e-s, plus d’automatisations, plus de paiements à domicile, plus de ‘’Cloud’’, plus de déplacements, plus d’augmentations des tarifs…

Tout augmente, même les licenciements. UBS, puisqu’on en parle.
81’557 employés en 2007; 64’820 au 31 décembre dernier (selon wikipédia). Un bon 20% des effectifs supprimés, un chiffre qui va augmenter suite à l’annonce récente d’une vague de 10’000 suppressions d’emplois d’ici à 2015, dont 2’500 prévus en Suisse. Les Socialistes Suisses râlent dans le vide comme d‘hab; la Présidente de la Confédération dit ne rien pouvoir faire parce que la banque doit se restructurer; bref, comme le disent si bien les affiches de la dernière campagne de pub de cette fumisterie de banque, c’est: « Incontournable ».

Tiens! Swisscom aussi taille dans ses effectifs. La téléphonie ne rapporte plus autant qu’avant…? 400 emplois biffés. Restructuration vers des segments plus porteurs… 300 emplois créés.
Bon, bien sur que la direction de Swisscom ne va pas réengager le personnel qu’elle vient de lourder. Cela ne ferait pas sérieux. Et puis, le personnel, il faut que cela tourne. Un peu comme les dates dans les rayons des produits frais des supermarchés…

Il parait que la durée moyenne d’un engagement au sein d’une entreprise, pour une personne entre 25 et 35 ans, serait de deux ans et quatre mois. Les professionnels de l’interim encouragent fortement les employé-e-s à changer fréquemment de patrons et de boîtes; que cela serait un plus pour le CV d’avoir à son actif de multiples expériences professionnelles. Pourquoi pas…
Deux ans et des poussières… Un peu comme dans les couples. Une fois que la chimie du début s’est envolée, il ne reste qu’un simple humain comme tout les autres, avec plus de défauts que de qualités. Alors autant fuir.

Je me dis qu’à l’heure actuelle, avec la multiplication des licenciements, des faillites et, à plus large échelle, les mesures d’économies, et d’austérités, encourager le personnel au nomadisme professionnel c’est ouvrir une voie royale au patronat qui débouchera, en fin de compte, sur une banalisation des CDD, des jobs temporaires à la carte; ou leur facilitera la tache lors des prochaines restructurations.
Plus besoin de virer le personnel, celui-ci s’en va tout seul. Il suffit juste de ne pas repourvoir le poste.
Fini les primes d’anciennetés, fini le syndicalisme, la solidarité, et tout le toutim qui donnait l’impression d’un esprit de famille dans l’entreprise.
Tout, tout de suite et merde aux autres, pour des plans de carrières qui ressemblent à la topographie des Pâquis à la tombée de la nuit.
Et tout cela pour quoi…?

Tout autre chose… Ce matin, je discutais avec une connaissance en attendant que mon petit Nono sorte de l’école. C’est que c’est sa toute première année d’école à mon petit bout d’homme.
La miss avec qui je causais est aussi maman d’un petite fille de quatre ans et des poussières, mais qui fait ses premiers pas scolaires dans le canton de Fribourg.
Alors que mon petit gaillard peut écrire son prénom et dessiner des cœurs pour sa maman, la prof de la petite fribourgeoise a déjà emmené ses élèves marcher pieds nus dans les copeaux et dans la rivière à la découverte de la Nature.

Cela m’a laissé un peu songeur.

NEMo.

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