Pleuvoir est peut-être un peu exagéré. Mais il est vrai,
qu’une à deux fois par semaine, un sac Pavag fait le grand saut depuis un
balcon du second pas très loin de chez moi.
Une fois écrasé sur le gazon, la maman pousse une gueulante
à l’intention de son fils qui joue en bas, pour que celui-ci débarrasse le
cadavre, dans les containers du bâtiment voisin de préférence…
Je n’habite pas un quartier chic de Vevey la Jolie , et sur la trentaine
de résidants de mon immeuble, il n’y a qu’un seul Suisse. Une proportion qui
est respectée dans les deux ‘’entrées’’ d’en face.
Tous les locataires des bâtiments en question, le mien
inclus, soignent leurs apparences (à 1 ou 2 exceptions près), et celle de leurs
progénitures, of course ; tous se donnent un mal de chien pour que leur
intérieur soit nickel-chrome.
Par contre, pour une forte majorité d’entres eux, une fois
la porte de l’appartement, ou les fenêtres refermées, une fois à l’extérieur de
leur sphère privée, les choses changent…
Je ramassais, et voyais, de tout sur, et devant, mon
balcon : Divers emballages papiers, plastiques, cartons, alu ;
mouchoirs, serviettes, swifter et patte à cul usagées ; vêtements et
jouets d’enfants ; crachats et les incontournables mégots de cigarettes… La Lusitanienne du
second nous a même gratifié, au gré des visites de son compatriote d’amant, de
préservatifs humidifiés.
Le local des poubelles était une véritable infection :
Un liquide brunâtre coulait régulièrement des containers tandis que de petits
organismes blancs gigotaient joyeusement sur le sol, ou parmi les sacs.
Les encombrants encombrent en attendant que quelqu’un se
décide à appeler la mune, et le tri des déchets est un tri lunaire qui s’opère
au gré des humeurs.
Le nouveau concierge, l’ancien ayant posé les plaques, a
installé une poubelle murale près de l’entrée du bâtiment. Une poubelle
inutilisable vu qu’elle sert de collecteur à publicité après le passage du BVA
(ceux qui déposent la publicité…).
De là à dire que les étrangers sont des cochons, c’est une
limite que je ne franchirai pas. Bouddha m’en préserve. Tout comme je zappe
l’idée de ramener cette foutue habitude à tout foutre parterre, à une sorte de
réminiscence homéopathique qui nous lie à nos lointains, et simiesques,
ancêtres, quand rien n’était emballé et que les seuls déchets produits se
recyclaient plus que facilement dans la Nature.
Prenez les gorilles. Ils vivent en groupe et font tout au
même endroit (pour faire simple). Dès que cela gratte un peu trop, ils migrent
de plusieurs dizaines de mètres, hors de portée des parasites que leurs
déjections ont créés ou attirés.
Les loups, qui eux se sédentarisent beaucoup moins, n’ont
pas ce genre de problème.
Quant à l’Humain, il a compris, un peu sur le tard, qu’il
devait éloigner le plus possible ses multiples déchets des cités…
Pour revenir à ma pluie de poubelles, j’ai envie de penser
que c’est un problème de respect, respect de l’environnement (au sens large du
terme). Un environnement que représente notre sphère privée, et qui peut
s’étendre d’une chambre à un village. C’est ma chambre, mon appartement, mon
quartier, mon village. Et c’est dans cet espace que s’exprime le plus fortement
le souci de notre respect environnemental.
St-Légier ou Blonay (et d’autres communes huppées), qui
sélectionnent officieusement leur population autochtone, peuvent se vanter d’avoir
des communes propres, et une jeunesse adolescente indigène respectueuse.
Mais que cette jeunesse, helvètiquement confédérée, parte en
vadrouille, et les bonnes manières restent à la maison ; un peu comme
pratiquement toutes les jeunesses villageoises qui descendent dans les
‘’grandes’’ villes, histoire d’aller faire les gorets dans la sphère
d’autrui(e)… Les voiries de Vevey, Montreux, Lausanne, voire Neuchâtel en savent
quelque chose.
Mais il n’y a pas que les jeunes et les étrangers qui
salopent notre environnement en jetant tout et n’importe quoi à même le sol.
Les autoroutes, les aires de repos, les stations services, les parcs publics,
les alentours des gares CFF…
En parlant des CFF… Ceux-ci ont entamé une campagne de
sensibilisation pour la propreté dans les trains. Une affiche, un monsieur Gress
souriant qui veut mettre son mug dans une poubelle de compartiment, et un
encouragement à : ‘’Participer…’’
J’veux bien. Mais essayez de mettre plus de deux bouteilles
PET 5dl et un paquet de clopes aplati dans ces micro-poubelles installées dans
les trains.
Si l’ex-régie fédérale veut des wagons propres, elle
pourrait éventuellement virer les Apertos des gares, fermer les sandwicheries,
interdire la lecture du "20 minutes" dans les trains, vendre des
barres de chocolat à la pièce, et des "Capri Sun".
Dernièrement un chef d’édition du "LeMatin" nous
livrait ses pensées sur la taxe au sac (poubelle), en
vantant que : « Notre Suisse propre en ordre éduque ses citoyens
modèles », et que cette éducation commence très tôt : « A
l’école enfantine déjà mes fils ont appris par cœur le b.a.-ba du parfait petit
écolo ».
Mr Ph., qui n’est pas clément avec les petits écolos devenus
grands, nous explique que « dans [sa] jolie commune, le business
des poubelles est réglé comme du papier à musique » et que « chaque
citoyen à sa carte pour accéder à la déchetterie municipale ». Quelle
chance. A Vevey, la mune nous supprime des poubelles.
Il suppose également que l’introduction d’une taxe au sac
déresponsabiliserait tout le monde, et que ce tout le monde tomberait dans une
logique du ‘’Je paie, donc je suis’’. Une logique qui semble bien ancrée
dans les civilisations modernes et ultralibérales.
Une observation, qui revient bien souvent quand on parle de
déchets abandonnés, nous fait remarquer qu’il y a : soit des concierges
qui sont payés pour nettoyer, soit que nous payons des impôts qui financent un
service de voirie qui lui paie ses employés pour nettoyer la M…. des citadins.
Au final, salir et ne pas respecter son environnement, créerait
des emplois…
La preuve : Ils sont quatre à venir assez régulièrement
pour nettoyer la Place de la Gare de Vevey. Un dans son aspirateur motorisé, et
trois autres qui balayent devant la machine.
Le curling a inspiré notre voirie.
Jadis, c’était un homme, seul, qui s’acquittait de cette
tâche. Roby, deux balais, une pelle et sa charrette. Pour un résultat tout
aussi probant.
Mais bon. A l’époque de Roby, les cafés ne s’emportaient pas
et se buvaient tranquillement dans les établissements prévus pour, les
bouteilles étaient consignées, les gens prenaient le temps du petit déjeuner,
et le boulanger ne passaient pas encore dans les cours d’école, à l’heure de la "récré" pour y vendre ses produits.
Tiens, en parlant d’école. Me souviens qu’il y avait une "corvée" ramassage des papiers dans la cour en fin de récré, dans mes jeunes
années…
Mais ça remonte à loin…
NEMo.
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