jeudi 22 novembre 2012

La malédiction des Atlantes.


Il y a environ 2'400 ans, des Egyptiens parlèrent à Platon d’une île aux ressources naturelles d’une extrême richesse et de son peuple qui avait su s’organiser démocratiquement dans la tempérance, et la justice afin que chaque citoyen participe à l’essor et à la grandeur mythique de la Cité de Poséidon.
Depuis, la localisation de l’Atlantide a inspiré bon nombres d’artistes écrivains, chercheurs philosophes et scientifiques et embrasé l’imaginaire de bien des aventuriers.
Chacun à leur manière voulant faire découvrir au monde cette île merveilleuse qui serait, pour les plus ‘’fous’’, à l’origine de l’homme dans sa morphologie actuelle.
L’Atlante père de l’homme ‘’moderne’’… ?
Pourquoi pas : C’est joli, et cela conviendrait mieux qu’une Mamy Cheetah aux yeux des ‘’eugénistes’’.
Mais l’Atlantide demeure, encore à ce jour, un mythe, une légende, une utopie, un rêve conscient.

Et qui d’entre nous n’a jamais rêvé…?
Le rêve est bien une constante propre à chaque créature vivante, et nos rêves grandissent avec nous. Tout comme notre ‘’imaginaire’’.
Qui ne s'est pas surpris un bâton à la main entrain de chasser les démons, tel un preux chevalier ?
Qui n’a pas endossé le costume super-héros ?
Combien se sont imaginés au volant ‘’Kit’’, passer un moment torride avec une ‘’Drôle de dame’’, de courir dans le générique d’’’Alerte à Malibu’’, de jouer comme Pelé ou Messi ? Lesquel-le-s ont cherché la  ressemblance avec Michael Jackson, Usher, 50 cent, B. Baker, Rihanna, J.Lo, Lady Gaga ?
Combien sont-elles à avoir rêvé d’une vie de princesse ?
Qui n’a pas rêvé de richesse, d’euromillion, d’être le boss à la place du chef, d’avoir sa propre entreprise ou d’être le président d’un Conseil d’administration ?
Qui ne souhaite pas la fin de la faim dans le monde et la paix perpétuelle entre les peuples ?
N’aspirons-nous pas tous à être meilleur dans le meilleur des mondes ?

Si nos ancêtres lointains recherchaient la clémence des dieux, leurs enfants se sont mis en quête du paradis. Leurs petits-enfants, eux, rêvaient d’utopies.
Aujourd’hui nous cherchons un moyen de survivre au désastre qui s’annonce.

Nombreux sont ceux qui ont tenté de localiser géographiquement le Jardin d’Eden, et/ou le Paradis sur terre. Souvent au nom d’une Eglise qui souhaitait dépouiller ses ouailles pour s’enrichir tout en leur promettant une divine récompense ainsi qu’une place dans son fameux Paradis.
« On l’a placé dans le troisième ciel, dans le quatrième, dans le ciel de la Lune, dans la Lune même. On l’a mis sous le pôle Arctique, dans la Tartarie, là où est la mer Caspienne. D’autres l’ont reculé jusqu’à la Terre de Feu. Plusieurs l’ont placé dans le Levant, ou sur les bords du Gange, ou dans l’île de Ceylan, faisant même venir le nom des Indes du nom Eden ». Reprenait Dom Calmet un exégète du XVIIIe siècle en listant les hypothétiques localisations du paradis chrétien (1).

Dès le XVIIIe siècle et « à mesures que progressaient les connaissances géographiques, le site du paradis terrestre ne cessait de s’éloigner » (1a).
Peut-on penser que la désillusion qu’entraînait les vaines recherches de ce paradis a ouvert la voie à la quête du ‘"lieu de nulle part et d’aucun temps" ?
C’est paraît-il Thomas More qui, en 1516, parlera le premier d’Utopie. Il en fera même une carte.
De cette vision du lieu qui "n’existe pas, mais où se trouve la félicité et dans lequel tout va bien", (re)naîtra une idéologie qui fera de nombreux adeptes, avant que ses détracteurs, Eglise incluse, ne l’enterre avec les cercueils des purges staliniennes.
Le Chili, le Pérou, Cuba ont prouvé la viabilité de l’autogestion des entreprises et des communautés, en réadaptant aux besoins locaux des principes que l’on pouvait certainement trouver dans des communautés telles que : "New harmony"," Equity", "New Lanark"," le Familistère de Guise" pour les plus anciennes, ou "Arcosanti", "Altinopolis", "Gaïa", "Auroville", "Ordos 100"," Christiana", "Orvieto", ou encore "Longo Maï".
Pourtant le monde des utopies, confronté à la réalité économique et écologique moderne, semble s’essouffler, et les constructions urbanistiques, ou architecturales, de Richard B. Fuller (Dômes géodésiques, Maisons Dymaxion), l’école de Bauhaus de Walter Gropius et l’écoville de Masdar, ne peuvent suffire à effacer le désenchantement du siècle passé pour nous permettre de croire que l’Avenir sera différent de ce que nous observons quotidiennement.
Certes il nous revient à nous-mêmes de construire notre avenir. Mais avec quelles ressources, et dans quel environnement ?
L’Agence Internationale de l’Energie annonce que dans deux décennies les USA seront le premier producteur de pétrole, puis de gaz. Grâce notamment au pétrole et au gaz de schiste… !
Notre biosphère souffre le martyr alors que nous lui injectons quotidiennement des doses mortelles de toxines et autres poisons chimiques, et nous lui faisons la promesse de lui en remettre des dizaines de fois plus demain…. !
Autant mettre tout de suite nos centrales nucléaires dans le rouge.

Quel dommage.
Le terme ‘’Paradis’’ viendrait du moyen-perse paridaeza, et se traduirait : « Enclos fermé, planté d’arbres ».
Une définition simple qui peut aussi bien décrire un jardin privé, un parc naturel ou encore Central Park, si l’on accepte que les rues entourant le poumon de Manhattan forment une barrière.
Mais ce lieu dont il question, n’a pas été créé par la main de l’homme. Tout au plus peut-il participer à son entretien, prendre soin de ce ‘’Jardin’’ qui lui fournit tout ce dont il a besoin pour s’alimenter, se vêtir et s’abriter. Bref tout pour y vivre paisiblement.
Ces progrès, qui ont sans cesse repoussé les limites géographiques de notre monde, nous ont aussi appris qu’il existe une limite verticale, d’une petite dizaine de kilomètres, au-delà de laquelle toutes vies connues est impossible. Une barrière invisible entre la Vie et la Mort.
Dès lors serait-ce une affabulation de voir notre Terre dans un enclos fermé et planté d’arbres, et de voir ce monde si généreux envers nous comme le paradis que bien des aveugles ont recherché ?

Tout était là pour nous. Tout y est encore d’ailleurs. Sauf qu’aujourd’hui les fruits poussent sur des arbres qui sont sur des propriétés privées, qu’il est difficile de boire l’eau de la rivière sans finir sur les toilettes et que les richesses de Gaïa sont quantifiées et promises à la rupture de stock dans un avenir qui, au regard du chemin parcouru, n’est pas si lointain que cela.
Ce paradis se renouvelant par lui-même n’attendait qu’une juste et modérée participation de notre part. Au lieu de cela nous avons foré, pressé, essoré, centrifugé notre monde pour le vider de ses substances en nous moquant de l’humilité que la Nature souhaitait nous enseigner.
Notre confort n’a cessé de grandir, notre qualité de vie de s’améliorer. En contrepartie, les limites de notre jardin se restreignent à mesure que le terme de l’agonie de notre Paradis se rapproche, et nous confinent aux murs de nos apparts. Notre enclos confortable au milieu duquel des écrans nous abrutissent jours après jours.
Nous sommes nous déjà tous considérés comme étant des Terriens ? J’en doute.
Nous sommes d’un quartier, d’une ville, au besoin d’une nation et occasionnellement d’un continent. Au-delà de cette limite, notre esprit refuse toute appartenance.

Aujourd’hui, le mal est fait. Nos utopies sont sur le point d’être enterrés aux côtés de nos rêves d’enfants.
L’homme porte à nouveau son regard vers les cieux en espérant trouver sur une exoplanète lointaine un Salut que la science actuelle ne peut lui garantir ; Nous portons une nouvelle attention sur des horizons trop éloignés de nous en souhaitant inconsciemment y voir descendre une sage intelligence qui nous offrirait une chance supplémentaire de survie ; Nous retournons vers une religiosité pour entendre, et nous rassurer, qu’il existe bien quelque chose après.
Pauvre de nous…

S’il existe un monde dans les nuages, c’est un monde que des ingénieurs électroniciens-informaticiens ont créé de toutes pièces. Le Cloud.
Ce monde virtuel, qui recèlera bientôt l’entier de nos souvenirs et de notre vie, pourrait bien devenir notre nouveau paradis.
Devant trouver des solutions pour lutter contre les famines et le tarissement de nos matières première, devant trouver une solution, autre que la guerre totale, pour contrôler la démographie planétaire, nos enfants pourraient bien se retrouver plongés dans état cataleptique avant d’être relié au ‘’Cloud’’.
Accomplissant ainsi la dystopie en trois chapitres des frères Wachowski.
Je divague ? Possible…
C’est vrai qu’il est préférable d’imaginer nos enfants, et petits-enfants, vivant sur des mégapoles flottantes, ceintes d’océans vidés de ses ressources halieutiques et rejetant du CO2, tout en se nourrissant de salades transgéniques en accompagnement d’un bon steak cloné.

Sombres visions de l’avenir d’un pessimiste confirmé ?
Possible également. Mais quel gouvernement a pris la décision de stopper la machine infernale ? Les choix qui sont faits aujourd’hui, auraient dû être faits il y a quelques décennies de cela.
Quels hommes, élus par un peuple, nous offrent une perspective autre que celle de relancer la croissance nationale ?
Quelle politique nous fera une promesse au Monde qui ne soit pas un pansement sur une jambe de bois ?
L’espoir qu’ils nous laissent miroiter se résume à quoi ? Une sortie de crise dans 5 à 10 ans et deux à trois plus pour le nucléaire… ?
Contrôler l’émission des gaz à effet de serre ? Si nous arrêtions tout maintenant, il faudrait attendre des décennies avant que le taux de CO2 redevienne acceptable dans notre atmosphère. Et entre temps, la température ne cesserait de grimper.
On veut faire du solaire ? Oh non, les chinois sont trop bon marché… On veut faire de l’éolien ? Oh non, ça fait trop de bruit et sa tue les chauves-souris…
France 3 n’a pas attendu la confirmation du canular Maya pour relancer les discussions dans les chaumières des casaniers de l’apocalypse, en diffusant, le soir d’halloween : ‘’Nostradamus, la vérité sur ses prophéties’’
Merde à la fin !!!

Il y a environ 2'400 ans, Platon racontait l’histoire d’une île merveilleuse qui fut engloutie par les flots 9'000 ans plus tôt.
Il parlait d’une Cité devenue une puissante guerrière, de ses ambitions impérialistes et de sa démesure. Il parlait aussi de son peuple devenu fourbe, orgueilleux et cupide. Il parlait de la faiblesse humaine avant de faire disparaître cette île, détruite par la colère de la Terre.
Il n’est pas nécessaire d’être un historien reconnu pour comprendre que les civilisations ont succédés aux empires, que cette succession commence dans le sang et s’achève dans la souffrance, la douleur.
D’abord parce qu’aucune transition vers quelque chose de meilleur ne se fait pacifiquement.
« Les idées nouvelles ne l’emportent jamais, ce sont ses ennemis qui finissent par mourir », disait je sais plus qui.
Ensuite parce que la Nature elle-même remet de l’ordre dans les excès démesurés de ses enfants

Je doute qu’aujourd’hui la multiplication des conflits de par le monde puisse fortement altérer notre mode de vie. Primo parce qu’il y a un contre-pouvoir humaniste et pacificateur qui parvient, tant bien que mal, à s’opposer aux volontés colonisatrices de certains dirigeants biens connus, et à l’esprit vindicatif des autres.
Secondo, nos multinationales trouveront encore de nouvelles populations à exploiter pour assurer le remplissage de nos frigos, entres autres, en s’assurant de juteux bénéfices au passage.
Par contre la Nature peut, au gré de ses humeurs, abattre arbres, forêts et maisons, couper les voies de communications terrestres, clouer au sol les compagnies aériennes et les armées de l’air au passage, forcer des autochtones à se terrer dans leur habitation, et faire disparaître des milliers d’hectares de surfaces cultivables et agricoles.
Au gré de sa colère, la Terre peut éradiquer, tout ou partie, de notre civilisation.

Qu’elle fût d’existence réelle ou le simple fruit d’une vision utopique du célèbre philosophe grec, l’Atlantide est bien l’Histoire de la mort des empires qui ont jalonné, façonné, le développement de notre civilisation.
Nous sommes morts des milliers de fois pour mieux ressusciter ensuite. Malheureusement pour nous, enfants de l’Atlantide, nous n’avons rien appris de nos erreurs passées.

NEMo.

(1) Lu dans ‘’Les Jardins des Mérites’’, un article de Mikael Corre.
(1a) Ecrit de Bronislaw Baczko, historien, même article.
Et mes excuses à ceux que j'ai oublié.

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