Il y a environ 2'400 ans, des Egyptiens
parlèrent à Platon d’une île aux ressources naturelles d’une extrême richesse
et de son peuple qui avait su s’organiser démocratiquement dans la tempérance,
et la justice afin que chaque citoyen participe à l’essor et à la grandeur
mythique de la Cité de Poséidon.
Depuis, la localisation de l’Atlantide a
inspiré bon nombres d’artistes écrivains, chercheurs philosophes et scientifiques
et embrasé l’imaginaire de bien des aventuriers.
Chacun à leur manière voulant faire découvrir
au monde cette île merveilleuse qui serait, pour les plus ‘’fous’’, à l’origine
de l’homme dans sa morphologie actuelle.
L’Atlante père de l’homme ‘’moderne’’… ?
Pourquoi pas : C’est joli, et cela
conviendrait mieux qu’une Mamy Cheetah aux yeux des ‘’eugénistes’’.
Mais l’Atlantide demeure, encore à ce jour, un mythe,
une légende, une utopie, un rêve conscient.
Et qui d’entre nous n’a jamais rêvé…?
Le rêve est bien une constante propre à chaque
créature vivante, et nos rêves grandissent avec nous. Tout comme notre ‘’imaginaire’’.
Qui ne s'est pas surpris un bâton à la main
entrain de chasser les démons, tel un preux chevalier ?
Qui n’a pas endossé le costume super-héros ?
Combien se sont imaginés au volant ‘’Kit’’, passer un
moment torride avec une ‘’Drôle de dame’’, de courir dans le générique
d’’’Alerte à Malibu’’, de jouer comme Pelé ou Messi ? Lesquel-le-s ont
cherché la ressemblance avec Michael Jackson,
Usher, 50 cent, B. Baker, Rihanna, J.Lo, Lady Gaga ?
Combien sont-elles à
avoir rêvé d’une vie de princesse ?
Qui n’a pas rêvé de richesse, d’euromillion,
d’être le boss à la place du chef, d’avoir sa propre entreprise ou d’être le
président d’un Conseil d’administration ?
Qui ne souhaite pas la fin de la faim dans le
monde et la paix perpétuelle entre les peuples ?
N’aspirons-nous pas tous à être meilleur dans
le meilleur des mondes ?
Si nos ancêtres lointains recherchaient la
clémence des dieux, leurs enfants se sont mis en quête du paradis. Leurs
petits-enfants, eux, rêvaient d’utopies.
Aujourd’hui nous cherchons un moyen de
survivre au désastre qui s’annonce.
Nombreux sont ceux qui ont tenté de localiser
géographiquement le Jardin d’Eden, et/ou le Paradis sur terre. Souvent au nom d’une
Eglise qui souhaitait dépouiller ses ouailles pour s’enrichir tout en leur
promettant une divine récompense ainsi qu’une place dans son fameux Paradis.
« On l’a placé dans le troisième ciel,
dans le quatrième, dans le ciel de la Lune, dans la Lune même. On l’a mis sous
le pôle Arctique, dans la Tartarie, là où est la mer Caspienne. D’autres l’ont
reculé jusqu’à la Terre de Feu. Plusieurs l’ont placé dans le Levant, ou sur
les bords du Gange, ou dans l’île de Ceylan, faisant même venir le nom des
Indes du nom Eden ». Reprenait Dom Calmet un exégète du XVIIIe siècle
en listant les hypothétiques localisations du paradis chrétien (1).
Dès le XVIIIe siècle et « à mesures
que progressaient les connaissances géographiques, le site du paradis terrestre
ne cessait de s’éloigner » (1a).
Peut-on penser que la désillusion qu’entraînait
les vaines recherches de ce paradis a ouvert la voie à la quête du ‘"lieu de
nulle part et d’aucun temps" ?
C’est paraît-il Thomas More qui, en 1516,
parlera le premier d’Utopie. Il en fera même une carte.
De cette vision du lieu qui "n’existe pas, mais
où se trouve la félicité et dans lequel tout va bien", (re)naîtra une idéologie
qui fera de nombreux adeptes, avant que ses détracteurs, Eglise incluse, ne
l’enterre avec les cercueils des purges staliniennes.
Le Chili, le Pérou, Cuba ont prouvé la
viabilité de l’autogestion des entreprises et des communautés, en réadaptant aux
besoins locaux des principes que l’on pouvait certainement trouver dans des
communautés telles que : "New harmony"," Equity", "New Lanark"," le Familistère
de Guise" pour les plus anciennes, ou "Arcosanti", "Altinopolis", "Gaïa", "Auroville", "Ordos 100"," Christiana", "Orvieto", ou encore "Longo Maï".
Pourtant le monde des utopies, confronté à la
réalité économique et écologique moderne, semble s’essouffler, et les
constructions urbanistiques, ou architecturales, de Richard B. Fuller (Dômes
géodésiques, Maisons Dymaxion), l’école de Bauhaus de Walter Gropius et
l’écoville de Masdar, ne peuvent suffire à effacer le désenchantement du siècle
passé pour nous permettre de croire que l’Avenir sera différent de ce que nous
observons quotidiennement.
Certes il nous revient à nous-mêmes de
construire notre avenir. Mais avec quelles ressources, et dans quel environnement ?
L’Agence Internationale de l’Energie annonce
que dans deux décennies les USA seront le premier producteur de pétrole, puis
de gaz. Grâce notamment au pétrole et au gaz de schiste… !
Notre biosphère souffre le martyr alors que
nous lui injectons quotidiennement des doses mortelles de toxines et autres
poisons chimiques, et nous lui faisons la promesse de lui en remettre des
dizaines de fois plus demain…. !
Autant mettre tout de suite nos centrales
nucléaires dans le rouge.
Quel dommage.
Le terme ‘’Paradis’’ viendrait du moyen-perse paridaeza, et se traduirait : « Enclos
fermé, planté d’arbres ».
Une définition simple qui peut aussi bien
décrire un jardin privé, un parc naturel ou encore Central Park, si l’on
accepte que les rues entourant le poumon de Manhattan forment une barrière.
Mais ce lieu dont il question, n’a pas été
créé par la main de l’homme. Tout au plus peut-il participer à son entretien,
prendre soin de ce ‘’Jardin’’ qui lui fournit tout ce dont il a besoin pour s’alimenter,
se vêtir et s’abriter. Bref tout pour y vivre paisiblement.
Ces progrès, qui ont sans cesse repoussé les
limites géographiques de notre monde, nous ont aussi appris qu’il existe une
limite verticale, d’une petite dizaine de kilomètres, au-delà de laquelle
toutes vies connues est impossible. Une barrière invisible entre la Vie et la
Mort.
Dès lors serait-ce une affabulation de voir
notre Terre dans un enclos fermé et planté d’arbres, et de voir ce monde si généreux
envers nous comme le paradis que bien des aveugles ont recherché ?
Tout était là pour nous. Tout y est
encore d’ailleurs. Sauf qu’aujourd’hui les fruits poussent sur des arbres qui
sont sur des propriétés privées, qu’il est difficile de boire l’eau de la
rivière sans finir sur les toilettes et que les richesses de Gaïa sont quantifiées
et promises à la rupture de stock dans un avenir qui, au regard du chemin
parcouru, n’est pas si lointain que cela.
Ce paradis se renouvelant par lui-même n’attendait
qu’une juste et modérée participation de notre part. Au lieu de cela nous avons
foré, pressé, essoré, centrifugé notre monde pour le vider de ses substances en
nous moquant de l’humilité que la Nature souhaitait nous enseigner.
Notre confort n’a cessé de grandir, notre
qualité de vie de s’améliorer. En contrepartie, les limites de notre jardin se
restreignent à mesure que le terme de l’agonie de notre Paradis se rapproche,
et nous confinent aux murs de nos apparts. Notre enclos confortable au milieu
duquel des écrans nous abrutissent jours après jours.
Nous sommes nous déjà tous considérés comme
étant des Terriens ? J’en doute.
Nous sommes d’un quartier, d’une ville, au
besoin d’une nation et occasionnellement d’un continent. Au-delà de cette limite,
notre esprit refuse toute appartenance.
Aujourd’hui, le mal est fait. Nos utopies sont
sur le point d’être enterrés aux côtés de nos rêves d’enfants.
L’homme porte à nouveau son regard vers les
cieux en espérant trouver sur une exoplanète lointaine un Salut que la science
actuelle ne peut lui garantir ; Nous portons une nouvelle attention sur
des horizons trop éloignés de nous en souhaitant inconsciemment y voir
descendre une sage intelligence qui nous offrirait une chance supplémentaire de
survie ; Nous retournons vers une religiosité pour entendre, et nous
rassurer, qu’il existe bien quelque chose après.
Pauvre de nous…
S’il existe un monde dans les nuages, c’est un
monde que des ingénieurs électroniciens-informaticiens ont créé de toutes
pièces. Le Cloud.
Ce monde virtuel, qui recèlera bientôt l’entier
de nos souvenirs et de notre vie, pourrait bien devenir notre nouveau paradis.
Devant trouver des solutions pour lutter contre
les famines et le tarissement de nos matières première, devant trouver une
solution, autre que la guerre totale, pour contrôler la démographie planétaire,
nos enfants pourraient bien se retrouver plongés dans état cataleptique avant d’être
relié au ‘’Cloud’’.
Accomplissant ainsi la dystopie en trois
chapitres des frères Wachowski.
Je divague ? Possible…
C’est vrai qu’il est préférable d’imaginer nos
enfants, et petits-enfants, vivant sur des mégapoles flottantes, ceintes d’océans
vidés de ses ressources halieutiques et rejetant du CO2, tout en se nourrissant
de salades transgéniques en accompagnement d’un bon steak cloné.
Sombres visions de l’avenir d’un pessimiste
confirmé ?
Possible également. Mais quel gouvernement a
pris la décision de stopper la machine infernale ? Les choix qui sont
faits aujourd’hui, auraient dû être faits il y a quelques décennies de cela.
Quels hommes, élus par un peuple, nous offrent une perspective autre que celle
de relancer la croissance nationale ?
Quelle politique nous fera une promesse au Monde
qui ne soit pas un pansement sur une jambe de bois ?
L’espoir qu’ils nous laissent miroiter se
résume à quoi ? Une sortie de crise dans 5 à 10 ans et deux à trois plus
pour le nucléaire… ?
Contrôler l’émission des gaz à effet de serre ?
Si nous arrêtions tout maintenant, il faudrait attendre des décennies avant que
le taux de CO2 redevienne acceptable dans notre atmosphère. Et entre temps, la
température ne cesserait de grimper.
On veut faire du solaire ? Oh non, les
chinois sont trop bon marché… On veut faire de l’éolien ? Oh non, ça fait
trop de bruit et sa tue les chauves-souris…
France 3 n’a pas attendu la confirmation du
canular Maya pour relancer les discussions dans les chaumières des casaniers de
l’apocalypse, en diffusant, le soir d’halloween : ‘’Nostradamus, la vérité
sur ses prophéties’’
Merde à la fin !!!
Il y a environ 2'400 ans, Platon racontait l’histoire
d’une île merveilleuse qui fut engloutie par les flots 9'000 ans plus tôt.
Il parlait d’une Cité devenue une puissante
guerrière, de ses ambitions impérialistes et de sa démesure. Il parlait aussi
de son peuple devenu fourbe, orgueilleux et cupide. Il parlait de la faiblesse
humaine avant de faire disparaître cette île, détruite par la colère de la
Terre.
Il n’est pas nécessaire d’être un historien
reconnu pour comprendre que les civilisations ont succédés aux empires, que
cette succession commence dans le sang et s’achève dans la souffrance, la
douleur.
D’abord parce qu’aucune transition vers
quelque chose de meilleur ne se fait pacifiquement.
« Les idées nouvelles ne l’emportent
jamais, ce sont ses ennemis qui finissent par mourir », disait je sais
plus qui.
Ensuite parce que la Nature elle-même remet de
l’ordre dans les excès démesurés de ses enfants
Je doute qu’aujourd’hui la multiplication des
conflits de par le monde puisse fortement altérer notre mode de vie. Primo
parce qu’il y a un contre-pouvoir humaniste et pacificateur qui parvient, tant
bien que mal, à s’opposer aux volontés colonisatrices de certains dirigeants
biens connus, et à l’esprit vindicatif des autres.
Secondo, nos multinationales trouveront encore
de nouvelles populations à exploiter pour assurer le remplissage de nos frigos,
entres autres, en s’assurant de juteux bénéfices au passage.
Par contre la Nature peut, au gré de ses
humeurs, abattre arbres, forêts et maisons, couper les voies de communications
terrestres, clouer au sol les compagnies aériennes et les armées de l’air au
passage, forcer des autochtones à se terrer dans leur habitation, et faire
disparaître des milliers d’hectares de surfaces cultivables et agricoles.
Au
gré de sa colère, la Terre peut éradiquer, tout ou partie, de notre
civilisation.
Qu’elle fût d’existence réelle ou le simple
fruit d’une vision utopique du célèbre philosophe grec, l’Atlantide est bien l’Histoire
de la mort des empires qui ont jalonné, façonné, le développement de notre
civilisation.
Nous sommes morts des milliers de fois pour
mieux ressusciter ensuite. Malheureusement pour nous, enfants de l’Atlantide,
nous n’avons rien appris de nos erreurs passées.
NEMo.
(1) Lu dans ‘’Les Jardins des Mérites’’, un
article de Mikael Corre.
(1a) Ecrit de Bronislaw Baczko, historien,
même article.
Et mes excuses à ceux que j'ai oublié.
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