lundi 20 juillet 2015

Une approche d'Uber.

Uber: On aime ou on n’aime pas.

Ce qui est sûr, c’est qui si cette application avait été adaptée au transport professionnel de personne par un super geek, nommé Hubert, qui en avait marre de poireauter sous la pluie en attendant un taxi, le truc aurait été plus honnête envers les travailleurs et peut-être beaucoup mieux accepté.
Mais ce n’est pas le cas.

En Romandie, Uber se décline en plusieurs propositions : Pop ; X ou Black.
Le ‘’Pop’’ est un covoiturage à participation financière imposée ;
Le ‘’X’’ est un taxi aux tarifs imposés, comme le ‘’Black’’. Sauf que les prix de ce dernier sont nettement plus intéressant pour les professionnels de la branche.
Maintenant qui impose les tarifs ? C’est Uber.
De quel droit ? On n’en sait rien.

Uber c’est révolutionnaire, qui disent. Parce qu’avant, la géolocalisation en temps réel, ça n’existait pas (lol), et que cette application est valable partout dans le monde.
Ton chameau rend l’âme au milieu du désert, t’appelles Ubertouareg ; ton escapade dans le grand nord vire à la catastrophe, Uber t’envoie Vic le Viking.
Uber est présent partout dans le monde ?!?
Soyez sérieux. Uber ne veut s’installer que dans les endroits propices à sa « croissance organique », après une sérieuse étude de marché.
Uber ne vient pas chez nous, ou chez vous, poussé par des élans de philanthropies. Mais dès qu’il brame, ce sont bien tous les recalés en gestion d’entreprise et ceux qui croient au miracle du gain immédiat qui sortent des bois.
Ce qui est sûr, c’est que les pontes d’Uber sont pas des cons. Loin de là.

Ils arrivent. Ils lancent leur application, soit-disant révolutionnaire, et ils laissent faire la « croissance organique. » C'est-à-dire que les utilisateurs vont se charger de répandre la bonne nouvelle ; que les chauffeurs ne vont pas aller au taf, mais au combat – pendant que Mr Salom & Co restent tranquillou dans leur ti bureau ; et que les médias vont se charger d’offrir à Uber des pleines pages de publicités gratuites par le biais des articles à répétitions au sujet de la Société californienne.
[Uber met aussi la main au porte-monnaie. Un peu, en finançant le parrainage. Le chauffeur Uber qui amène un nouveau conducteur touchera 200 francs après que ce dernier ait conclut sa trentième course.]

Après quelques bleus et une voiture endommagée, les cadres tranquilles répondront aux journalistes en disant qu’ils ne font rien d’illégal, que les autorités sont « agressives », qu’ils font tout « pour calmer le jeu » et qu’ils sont prêts à discuter le bout de gras.
En vérité, c’est un peu différent.
L’une des forces d’Uber, c’est d’avoir du pognon. Beaucoup de pognon.
Ce qui permet de pouvoir jouer avec les ‘’Règles’’, de faire des entorses à beaucoup de ‘’Règlements’’ et d’avoir les moyens de ‘’financer’’ les passages au Tribunal Fédéral (pour la Suisse).

La particularité de la Suisse, une parmi tant d’autres, est son fédéralisme. Berne pose les bases d’une loi et laisse une marge d’application aux Cantons, qui eux laissent une marge de manœuvre aux Communes en fonction des spécificités régionales. Ce qui peut créer quelques disparités dans l’application de la Loi.
Et c’est là-dessus qu’Uber compte pour remporter la mise. Uber plonge ses utilisateurs dans les eaux troubles de la législation Helvétique, regarde ce qu’il se passe et corrige le tir après.
Et Mr Salom n'a toujours pas froissé le revers de sa chemise.

Aux yeux de la grande société made in USA, Monsieur Vuillemier (élu lausannois en charge des taxis de sa région) n’est qu’un « exécutif » qui ne peut que brasser de l’air avec ses vociférations. Uber ne bougera pas tant que l’organe judiciaire supérieur n’aura pas pris de décision, c-à-d « tant qu’un juge n’aura pas statué » sur le cas Uber. Paroles de recruteur.
En parlant d’attente de ‘’jugement’’, il n’est pas impossible qu’Uberpop disparaisse du paysage Suisse du transport de personne. Peu probable, mais pas impossible.

Uber présente les gains que réalisent ses ‘’Poppers’’ comme étant un « complément de revenu » devant servir à « l’amortissement du véhicule. »
L’opposition, elle, voit un Transport de personne pur et simple devant se conformer à la Réglementation sur le service des taxis.
Si le Juge suit la société californienne dans la définition des ‘’revenus’’, Google aura réussi là où le TCS (Touring Club Suisse) a échoué avec son Tooxme.
Dans le cas contraire, Uberpop disparaît au profit d’UberX.
Uber nage en eaux troubles, disais-je plus haut. Les ‘’Poppers’’ sont mal vus à Lausanne ? Uber lance le « X », pour faire ‘’oublier’’ le « Pop », dans la capitale Vaudoise, et fait une promo 50% pour le festival de Jazz. Rejoignant Ceylor dans la promotion de ses produits sur les quais de Montreux.

Uber entretient l’ambiguïté dans sa propre définition également. Nous ne pouvons pas dire qu’il y a des taxis Uber. Il y a une application, adaptée par la société californienne, qui met en relation ceux qui auraient besoin d’un taxi et ceux qui dispose d’un tel véhicule.
Maintenant, cette application est payante. Pas pour ceux qui ‘’demandent’’, mais pour ceux qui ‘’offrent’’. Déjà là, il y a un schisme commercial.
Ensuite, qu’Uber pose des conditions pour accéder à son application est légitime. Que cette même société impose des tarifs à ceux qui ‘’offrent’’, l’est moins.

Uber se pose en employeur avec ses conditions pour ouvrir un compte ‘’chauffeur’’ (être titulaire du permis B121, avoir installé un tachygraphe dans le véhicule et avoir une autorisation communale pour exercer la profession de taxi) ; en imposant des tarifs ‘’service compris’’ et en édictant « les règles fondamentales Uber ». Règles qui sont au nombre de dix, et qui sont accompagnées de l’avertissement suivant :
« Enfreindre l’une des Règles Fondamentales Uber entraîne une suspension immédiate et définitive de votre compte. »
Uber envisage même de financer le permis professionnel pour ceux qui seraient intéressé par la version ‘’X’’…
Le rapport de subordination employeur-employé me paraît effectif, sauf que la société californienne ne paiera aucunes cotisations sociales. Celles-ci revenant à la charge du conducteur, qu’Uber préfère indépendant (pour UberX).

Est-ce que cela vaut la peine d’être un conducteur pour Uber ? La réponse est clairement négative si vous faites du ‘’poppers’’ ou du ‘’X’’. Si vous faites du ‘’Black’’ sur Genève, cela se discute.
La perte nette pour un professionnel, un UberX, oscille entre 50 et 70% du montant de la course. Donc une économie qui varie entre 30 et 65% pour l’utilisateur, comparé aux prix des taxis officiels.

Si Uber, après une étude consciencieuse du marché Lausannois, a décidé de se lancer en préférant la version ‘’pop’’ de ses arnaques, c’est que la société californienne visait la clientèle estudiantine, supposée fauchée, et les foncedés à la sortie du Mad.
La version ‘’X’’ quant à elle s’adresse aux grandes sociétés. Phillip Morris, Nestlé et consort. Des sociétés habituées à se comporter comme des négriers vis-à-vis de leurs collaborateurs externes, donc toute contente de pouvoir payer 200 francs de moins, pour un Vevey – Genève aéroport par exemple.

Si l’indépendant ‘’chanceux’’ décide de revenir immédiatement sur Vevey, une fois le nescafard déposé, son gain horaire s’élèvera, après calcul de l’amortissement du véhicule, à : 0.95 frs de l’heure !!!
Pour un Vevey- Lausanne, avec retour immédiat, le gain horaire net passe à 4 frs 05. De quoi être à l’abri de la richesse pour un long moment.
Il est possible de contre-argumenter qu’une fois sur place le chauffeur a la possibilité de faire quelques courses avant de revenir. Soit. Mais tant que le véhicule n’aurait pas été ‘’rentabilisé’’ sur les kilomètres et le temps de retour, le chauffeur l’a dans l’os !

En plus, le chauffeur ne peut même pas espérer une ‘’bonne main’’, vu que le paiement est électronique et que la quatrième Règle Fondamentale stipule qu’il est interdit de faire un échange « d’espèces au cours du trajet. » Et apporte la précision suivante :
« Ne pas accepter les pourboires et rappeler que tout est compris dans le prix du trajet payé via l’application. »
Si le pourboire est compris dans le prix du trajet, il serait bienvenu qu’Uber le reverse, en sus, au chauffeur. Soit 7 %  du montant de la course, il me semble…

Uber c’est l’avenir, entendons-nous dire. Tu bosses à moitié prix ; Uber te taxe 25 % de ton chiffre en mode ‘’X’’ (contre 20 % chez les poppers) et t’empêches de profiter des 800 à 1'000 francs mensuels de pourboire.
En gros : « Salut, je suis Rocco le sodomite. Ma queue fait 26 par 8. Est-ce que t’es d’accord de te retourner ? »
Réponse : «  OUIiiii… » (!!??!!)

Il a été dit, lors d’une séance d’information sur Uber. qui s’est tenue dans les bureaux d’HYSECO, que le chauffeur avait la possibilité de ‘’capter’’ un bon client Uber. Et que la Société n’en tiendrait pas rigueur.
J’ai un doute en lisant le point 3 des RFU :
« Ne jamais contacter les passagers à l’issue du trajet. » Et de préciser : « Ne jamais conserver les informations personnelles d’un passager (n° de téléphone, adresse de prise en charge ou de destination). » Mort de rire, surtout venant de Google…

Pour renforcer sa main mise sur les clients, Uber propose des évaluations directes, via l’application, sur la qualité des prestations du chauffeur, et sur la propreté du véhicule utilisé. Les mauvais chauffeurs seront ‘’virés’’ et les bons ne gagneront pas plus d’argent.
Uber propose aussi les ‘’demandes personnelles’’. C-à-d que le transporté peut choisir qui le transportera. Ce qui inclus un délai d’attente supplémentaire

Autre nouveauté qu’Uber le philanthrope va certainement instauré, c’est le tarif dynamique. Un truc qui n’existe pas chez les taxis officiels. Le tarif dynamique est un tarif qui varie en fonction de la demande. Plus la demande est forte, donc moins y a de véhicules disponibles, plus le tarif augmente. Une augmentation qui va de 30 à 50 % du tarif imposé en vigueur. Mais qui ne touche pas la ‘’prise en charge’’.
Vais dire à mon pote de mettre le prix de la course aux enchères les soirs de pleine lune.

Pour finir, j’aborderais le sujet de l’alcool au volant.
La première des RFU demande d’« Avoir une conduite sûre » tout en respectant « le code de la route. »
Le chauffeur professionnel, le vrai, est juste interdit d’alcool pendant ses heures de travail. Zéro pour mille, point barre. Et ce dès qu’il prend le volant tôt le matin.
Quand ce même chauffeur pro décide d’enclencher son application, il ne travaille pas pour la société californienne et Uber lui demande même de retirer son ‘’lumineux’’ taxi pour prendre en charge les utilisateurs de l’application.
Un stratagème pour éviter que les contrôles intempestifs mis en place par la police lausannoise.
Ou alors de rouler avec le taximètre faussement enclenché. Toujours pour la même raison de sous-marinier.

Dans le premier cas, avec le toit libre de tout accessoire, le UberX passe comme une simple voiture banalisée et rien, hormis la conscience professionnelle du chauffeur, n’empêche celui-ci de picoler entre deux courses.
Pour Uberpop, la question ne se pose même pas. Les poppers ont le droit de boire dans les limites légales autorisées. Soit 0.5 pour mille.

D’un côté, n’est-il pas rassurant de savoir que le poppers qui ramènera chez eux les fêtards, à la sortie du Mad, sera moins bourré que celles et ceux qu’il transporte…?

Nemo.

3 commentaires:

  1. Au fond t as pas tort. Ce sont des explorateurs et profiteurs, mais quand t'as pas de boulot t as pas le droit au chomage et t as pas le droit a l aide social t as uber qui te permet de pouvoir nourrir ta famille sans avoir besoin de vendre de la drogue ou autres, c est mon cas et je peut te dire que la.plupart sont dans ce cas de figure.

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  2. Au fond t as pas tort. Ce sont des explorateurs et profiteurs, mais quand t'as pas de boulot t as pas le droit au chomage et t as pas le droit a l aide social t as uber qui te permet de pouvoir nourrir ta famille sans avoir besoin de vendre de la drogue ou autres, c est mon cas et je peut te dire que la.plupart sont dans ce cas de figure.

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