mardi 6 août 2013

Pensée sans titre

Nous savons tous que la guerre c’est moche, que les banquiers n’hésitent pas à mettre la pagaille dans la finance mondiale pour assurer leurs rentes, dividendes et autres revenus, tout comme nous avons pu nous rendre compte que la dette est certainement la plus merveilleuse embrouille à long terme que les banquiers aient mis sur pieds.
Mais sans les banquiers : Pas d’hypothèques, pas de crédits, pas de leasing ; pas de financement de projets et pas d’investissements locaux ou internationaux. Pas de territoires ravagés, de terres violées et pas de populations expropriées (ou moins de…). Pas de rébellions, de révoltes ou de révolutions et moins de police, moins d’armées.

Aujourd’hui, dans une Europe pacifiée, nous devons mettre notre argent, nos salaires, sur un compte en banque ‘’sécurisé’’ parce que bon nombre d’entre nous ont peur de se faire cambrioler leur appartement, comme c’est arrivé au voisin du voisin, ou comme on le lit à répétition dans les médias, ou de se faire agresser en pleine rue.
Alors la police devient nécessaire pour le maintient de l’ordre et la ‘’sécurité’’ des autochtones dans ces beaux pays pacifiés.
Mais à force de promouvoir le confort, la paix du travail et la bonne santé économique d’une nation, ou d’un groupe de nations, il est tout à fait normal de voir arriver des familles ou des parents qui ont tout perdus dans leur pays d’origine, venir chercher dans nos contrées de quoi nourrir leurs enfants, chercher un job qui leur redonnerait un peu de dignité (pas la dignité de travailler, mais la dignité du père ou de la mère !).

Sauf que ces gens qui viennent de loin, des pays dans lesquels nos entreprises ont délocalisé pour faire baisser les coûts du travail ou simplement des pays de nos vacances, on n’en veut pas.
On n’en veut pas trop, juste de quoi nettoyer nos rues, servir des bières, remplir les bordels et les night-clubs, faire nos ménages etc… Le surplus étant à renvoyer, le trop plein étant à maintenir loin de nos rivages. L’armée devient dès lors nécessaire pour contrôler les flux migratoires en plus de protéger cette zone pacifiée.
Une zone pacifiée devenue le domicile des hédonistes, révélant derrière ses grillages la civilisation des plaisirs. Le besoin vital est banni de nos réflexions remplacé par la démultiplication des inutiles envies quotidiennes. Je ne mange plus parce que j’ai faim, mais parce que cet aliment me fait envie ; on ne cuisine plus pour passer un bon moment en famille ou entre pote, on commande des pizze ou les invités font "Top chef" dans votre salon ; je ne m’achète pas un simple téléphone portable mais, en bonne poire, le dernier truc technologique dont je n’utiliserait pas le dixième des applications. La liste de nos inutilités égocentriques est longue…

Tout cela a un prix bien entendu. Je ne parle pas de valeur vénale mais de la Vie que nous perdons et des vies que nous condamnons. L’armée des plus forts reconquiert les anciennes colonies parce que nous avons besoin des ressources qu’elles détiennent. Les "méchants" vaincus, les spéculateurs en matières premières peuvent faire leurs ignobles marchés, soutenus financièrement en ça par nos chers banquiers.
Que des millions d’innocents, hommes femmes et enfants, meurent loin de chez nous pour garantir notre sécurité, notre santé, notre bien-être et notre confort est la condition sine qua non du protocole qui défend nos libertés tellement démocratiques, tellement individuelles. Et nous avons tous accepté ce protocole.

Pour arriver à cette capitulation de l’Homme civilisé les moyens sont aussi divers que variés.
La peur en est un. La peur de voir ces étrangers voler nos jobs, nos richesses et nos femmes ; la crainte de perdre notre pouvoir d’achat, l’angoisse de perdre ces objets qui nous définissent tant et qui témoignent de notre "rang" social.
La télévision est certainement l’outil N°1 pour entretenir nos peurs (elle introduit dans nos salons les guerres et misères lointaines et la criminalité courante) et plonger nos esprits en catalepsie, en plus d’offrir du temps de cerveau disponible à Nestlé, Coca-Cola et tous les autres.
Afin de parachever notre lobotomie, les jeux vidéos sont un allié à ne pas négliger car ils s’attaquent aux jeunes esprits en formation.
Call of duty, comme ses dérivés, banalisent la guerre, la mort sanglante de nos ennemis et la déshumanisation des conflits par l’utilisation de drones, ou autres ‘’robots’’, guidés à distance;
Gran theft auto glorifie la criminalité, la défiance de l’ordre policier établi ;
Toad, de Super Mario Galaxy 2, veut rendre le banquier sympa et trognon.
Mais il y a plus "insidieux", si j’ose : Animal Crossing, un jeu dispo pour les enfants de 3 ans et plus.
Le p’tit Nono a voulu y jouer chez sa sœur. Donc nouveau joueur = nouveau personnage (il voulait son ti bonhomme à lui).
Le jeu commence par un voyage en bus durant lequel le chauffeur pose tout plein de questions. Un petit interrogatoire sympa, dans les règles de l’art qui garde quand même pour beaucoup plus tard la question des préférences sexuelles.
Arrivé dans la ville et son personnage fictif enregistré, Nono doit trouver sa maisonnette. Dès que c’est fait, arrive Monsieur Nook, le vendeur du magasin du coin, qui lui détaille à peu près tout ce qu’il peut trouver dans ce nouveau monde (mairie, magasin, maison des amis, carte topographique, pêche, cueillette, etc…) et, point crucial, que le p’tit Nono lui doit un certain montant pour l’acquisition de sa petite maison.
Le jeu a donc débuté par un fichage et une dette !
Là, pourriez m’dire : « Arrête tes conneries, c’est qu’un jeu ! »
Possible… Comme il est possible de m’imaginer en full parano en pensant que ces jeux, dans lesquels il faut rentrer innocemment de plus en plus d’infos persos, préparent nos jeunes têtes aux futurs fichages et autres partages des données. Et j’omets volontairement de penser aux logiciels espions ou malveillants…
Bref. Pour s’acquitter de sa dette, Nook propose à Nono de venir travailler dans son magasin. Nono, du haut de ses 5 ans et demi, a refusé net. Nook n’apprécie pas et y va de son laïus pour convaincre le joueur d’accepter ses conditions. Sinon Nono ne pourra pas vraiment jouer à Animal Crossing

New Leaf, la nouvelle version du jeu d’Animal Crossing disponible sur la Nintendo 3DS, propose au détenteur de la mini disquette d’être le maître de la petite ville virtuelle : « En tant que maire, tu es libre de développer ta ville comme bon te semble et de créer de nouvelles lois pour ses habitants ».
Des habitants qui seront des potes et potesses possédant une DS3 (pas la Citroën) connectée au net grâce au wifi. Et vive la vie en ligne…
David est, pour le moment, incapable d’entretenir une relation saine avec sa copine du moment et réveille les morts dès qu’il est connecté à je ne sais plus quel jeu d’aventure (il parle très fort dans le micro de son casque), tandis que Biboune (sa sœur), qui n’est pas bavarde pour deux sous avec ses parents, est toute contente lorsque sa 3DS lui annonce qu’elle a "rencontré" X personnes dans les rues de Lausanne.
Et ce n’est pas l’unique exemple d’enfants préférant la vie virtuelle à la réalité familiale, ou de jeunes adultes, le regard figé sur un écran, absents dans le Monde qui vit.

NEMo.

2 commentaires:

  1. Ca fait peur mais quels remèdes...?
    Eduquer nos enfants à avoir quelques valeurs...mais lesquelles?

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  2. C'est une bonne question.
    Il faut déjà que les parents puissent être là, répondre présent pour leurs enfants.
    En ayant sillonné les "jardins d'enfants" et observé les comportements des parents, je peux dire qu'il y a énormément d'aberrations dans ce que font les adultes et, le pire, c'est qu'ils n'en n'ont même pas conscience. Ou très peu.

    D'un autre côté, je me souviens d'une "expérience" faite avec mon p'tit dernier: Il était devant la télé et je lui demandé d'éteindre le poste. Il a rouspété en me disant qu'il voulait voir la fin de "My little poney". 2 minutes plus tard je lui ai dit: "Tu viens jouer avec papa dans la chambre?"
    Il s'est levé, a éteint la télé (l'épisode était pas fini) et il a couru dans la chambre...

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