jeudi 3 juillet 2014

Bientôt trois semaines...

... que l’on ne parle plus vraiment des revendications sociales d’une majorité de Brésiliennes et de Brésiliens ; un peu plus de quinze jours que les images chocs des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont disparu de nos écrans télés. Jusqu’au 12 juin les grévistes du métro brésilien inquiétaient la planète entière, le 13 juin 2013 se sont ceux de la SNCF qui ont pris le relais avant de céder leurs places aux mécontents des aéroports. Sans oublier les intermittents du spectacle.
Cela voudrait-il dire que les conditions de vie de millions de Sud-Américain se sont brusquement améliorées ? Nous en doutons en chœur.

Les médias évitent les sujets ‘’Favelas’’, sauf pour noter leur ‘’pacification’’ sélective en parlant du bout des lèvres des expropriations violentes qui sont encore d’actualité parce qu’à quelques jours du dénouement final de la grande messe du football international, les esprits politiques corrompus du Brésil se tournent déjà vers 2016, l’année des Jeux Olympiques de Rio ; parce que Rio de janvier doit devenir, d’ici deux ans, la ville ‘’merveilleuse’’ de l’Amérique du Sud. La place où il faudra absolument être si t’as de la thune.
Maintenant, les journalistes présents outre-atlantique ne peuvent pas que passer leur temps à faire bronzette sur les plages brésiliennes. Ils doivent quand même nous montrer la pauvreté du pays pour que nous nous disions : « On est quand même bien chez nous...»

Comme il est devenu interdit de critiquer la FIFA qui fait tant « For the World », il faut trouver un sujet qui n’égratigne pas le Sepp, qui ne parle pas des milliards dépensés dans des constructions éphémères et encore moins du nettoyage par le vide de certaines zones occupées par des miséreux et dans lesquelles la ‘’Merveilleuse’’ veut et va s’étendre. Il reste donc le triste sujet de la prostitution. J’en ai vu trois, dans la chronologie suivante : Le premier reportage montrait de loin les prostituées qui s’étaient installées autour des stades. Durant le second, le ou la journaliste a donné la parole à l’une de ces filles, à peine majeure, qui vend son corps pour obtenir de quoi nourrir son enfant et subvenir aux besoins de sa famille. Le dernier abordera le problème de la prostitution infantile et nous a révèle que Fortalezza, ville et stade qui accueille six matches de coupe du monde, serait la capitale brésilienne de la prostitution des mineurs. Révélation faite après la cinquième des six rencontres programmées là-bas.
Du coup, pendant que Giroud éclate à coups de pied volants la face de ses adversaires, de pauvres diables se font exploser la tronche à coups de matraque par la police militaire ; les Favelas mal placées s’enflamment aussi vite qu’un stade après le but victorieux d’un Robben, Neymar ou autre Messi et pendant que les supporters s’abreuvent de bières ou de caïpirinhas des gamins se font sodomiser et se retrouvent contraint d’avaler des liquides organiques, tandis que d’autres se font sodomiser pendant que Marc-André Berset, avec son regard de piranha dopé à l’hélium, et sa consoeur Viola nous sortent des commentaires à la ‘’mords-moi le nœud’’.

La police fédérale brésilienne estime que 250'000 enfants mineurs de moins de 18 ans étaient en situation de prostitution. En 2011…
Selon l’ECPAT(End Child Prostitution, Child Pornography and Trafficking of Children for Sexual Purpose) une organisation internationale qui se bat contre ce fléau :
« Dans un pays où près de la moitié des enfants et adolescents vivent en dessous du seuil de pauvreté », la venue d’environ 4 millions de spectateurs (brésiliens et touristes confondus) pour témoigner de la grandeur du football brésilien, ou du foot tout court, « représente un potentiel d’accroissement du nombre de clients. »
La présence, dans des clips demandant à « ne pas détourner notre regard », d’anciennes stars de foot que sont Juninho et Kaka, ne signifie pas que ce problème est exclusivement brésilien.
La prostitution infantile a bondi de 86% lors du Mondial 2006 en Allemagne ; de 67% en Afrique du Sud (2010) et de 87% lors des Jeux Olympique de 2012 en Grèce.
Il faut croire que bon nombre de personnes vont faire ailleurs, ce que la morale leur interdit de faire chez eux.

Le Brésil est péniblement sorti des répressions violentes organisées par le gouvernement et les lobbies industriels du moment qui recrutaient ‘’paramilitaires’’ parmi les forces de police, et parfois dans l’armée elle-même, pour faire taire définitivement tout opposant au régime.
Les descendants de ces disparus politiques et économiques continuent à subir les foudres des forces de l’ordre ainsi que les discriminations sociales qui leurs sont liées et quant à leurs enfants, ils ne trouvent qu’un éphémère espoir de survie dans la plus vile expression de l’idéologie néolibérale qui a donné une valeur marchande à l’être humain. Avec la succession annoncée des deux événements sportifs majeurs au Brésil, ce sont bien des familles entières qui risquent de ‘’disparaître’’ définitivement.

Nemo.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire