A Paris, bientôt, ceux que l’on décrit comme les grands de
ce monde se réuniront pour parler de notre biosphère.
Entre-temps, dans l’ombre se négocier le cadre législatif et
les conditions générales qui seront inscrites sur les nouvelles tables de lois
commerciales qui conditionneront les échanges transatlantiques entre les
Etats-Unis et l’Union européenne.
Selon les ‘’négociateurs’’ il faut que tout les accords du
GMT (Grand Marché Transatlantique) soient signées d’ici fin 2015. Et pour ce
faire les plus gros actionnaires et des hommes politiques, des deux continents,
se réunissent régulièrement afin de faire avancer ce projet.
Maintenant quand
on voit l’influence que peut avoir la politique dans le monde
économico-financier, il n’y a plus de doute possible sur ‘’Qui’’ mènera le bal
quand ces accords seront signés.
La règle de base qui devra régir tous les futurs échanges
commerciaux entre les deux continents est simple : Supprimer tout ce qui
peut empêcher la bonne marche des affaires. A l’aide d’acronymes aussi divers
que variés, TAFTA, CETA, TISA, TTP, TTIP, ACS, une nouvelle vague
d’ultralibéralisation se prépare à déferler sur les riverains de l’océan
Atlantique. Des conditions salariales trop coûteuses aux normes de qualité dans
l’alimentation, en passant par la levée des barrières qui freinent le transfert
des flux de données informatiques.
En gros, le sort de plus d’un milliard de personnes
est entrain de se jouer dans la plus grande discrétion possible.
A titre d'exemples.
L’industrie américaine de la viande entend obtenir la
suppression de la règle européenne qui interdit les poulets désinfectés au
chlore. A l’avant-garde de ce combat, le groupe Yum !, propriétaire de la
chaîne de restauration rapide KFC (Kentucky Fried Chicken).
D’un autre côté, l’Institut américain de la viande déplore
« le rejet injustifié [par
Bruxelles] des viandes additionnées de
bêta-agonistes, comme la chlorhydrate de ractopamine (1).» Un produit
dont même la Russie et la Chine ne veut pas dans sa viande.
Pourtant, « les producteurs de porc américains
n’accepteront pas d’autre résultat que la levée de l’interdiction européenne de
la ractopamine (1). »
L’industrie américaine voudrait aussi que le GMT avance sur
la question des OGM en supprimant leur labellisation ainsi que les normes de
traçabilité. Propos tenu par l’Association nationale des confiseurs.
On peut taper sur le dos des ricains, mais cette volonté de
faire disparaître toutes traces de la provenance des produits est également
soutenue dans les industries européennes de l’agroalimentaire.
De son côté, Monsanto et leurs amis, ne cachent pas leurs
espoirs de voir enfin la possibilité d’imposer aux Européens leur catalogue
foisonnant de produits OGM en attente d’approbation et d’utilisation. La nouvelle zone de libre-échange transatlantique fait
miroiter le rêve de voir « le
gouffre qui se creuse entre la dérégulation des nouveaux produits biotechnologiques
aux Etats-Unis et leur accueil en Europe (1)» soit prestement comblé.
Le GMT propose d’uniformiser les normes techniques,
financières, sociales et sanitaires. Parmi tous les accords et autres
manigances englobées par le GMT, il y a l’ACS (Accord sur le commerce des
services).
Si cet accord, qui est « actuellement discuté par une cinquantaine de pays entrait en vigueur,
une multinationale de la restauration collective pourrait contester à une ville
la subvention que son conseil municipal a voté en faveur de la cantine publique
(2). » Cet accord renforcerait également le pouvoir des tribunaux
d’arbitrage « où des entreprises
poursuivent des nations ayant osé augmenter le salaire minimum (2). »
Selon le PDG d’American Express, le droit de l’investisseur
ce définit comme suit :
« Le droit
d’investir ce qu’il veut, où il veut, quand il veut, comme il veut et d’en
retirer le bénéfice qu’il veut. »
Le GMT va bien sûr dans ce sens avec comme but final
d’imposer « l’élimination, la
réduction ou la prévention de politiques nationales superflues [Final
report, High level working group on jobsand growth, 11 février 2013, http://ec.europa.eu ] » étant considéré
comme « superflu » tout ce qui ralentit l’écoulement des marchandises,
comme la régulation de la finance, la lutte contre le réchauffement climatique
ou l’exercice de la démocratie (1).
On parle beaucoup des Etats-Unis et de leurs industries
mastodontes qui veulent écraser le monde de leurs produits manufacturés, ou autres.
Pourtant, il serait faux de croire qu’il s’agit d’un projet américain visant à
conquérir économiquement l’Europe. C’est fait depuis longtemps.
‘’S’agit-il d’un projet que les Etats-Unis ont imposé à
l’Union européenne ?
Pas le moins du monde : la Commission, avec l’accord
des vingt-huit gouvernements de l’Ue, promeut activement le GMT, qui épouse son
credo libre-échangiste. Le projet est par ailleurs porté par les grandes
organisations patronales, comme le Dialogue économique transatlantique (Trans-Atlantic
Business Dialogue, TABD). Créée en 1995 sous l’impulsion de la Commission
européenne et du ministère du commerce américain, cette organisation, désormais
connue sous le nom de Trans-Atlantic Business Council (TABC), promeut un
« dialogue fructueux » entre les élites des deux continents, à
Washington et à Bruxelles (3).’’
Et la Deutsche Bank
en a assez que les autorités de contrôle américaines viennent mettre leur nez
dans les affaires des grandes étrangères opérant sur territoire US.
Les accords du Grand Marché Transatlantique doivent être
signé d’ici fin 2015. Alors quand j’entend un ministre quelconque d’un autant
quelconque état européen demander une réunion d’urgence des ministres de l’Ue,
pour parler d’un problème de sécurité dans les trains internationaux, par
exemple, ou pour parler de la crise des migrants, cela me fait sourire jaune.
Et du coup j’ai un doute sur ‘’l’intégrité’’ de la prochaine
rencontre au ‘’sommet’’. Parleront-ils vraiment et uniquement de notre
environnement, ou des impératifs économiques se glisseront-ils dans les
discussions, ou seront-ils discutés à part ?
Ces personnalités vont-elles, un jour, défendre la cause de notre planète et
le jour suivant se réunir pour ratifier les dernières ‘’mises au point’’ du
GMT ?
Vont-elles, les premiers jours, prendre des mesures
efficaces pour faire diminuer les émissions de gaz carbonique dans notre atmosphère
et, le jour d’après, abolir le système européen de quotas d’émissions de gaz à
effet de serre, qui oblige les compagnie aérienne à payer pour leur pollution
au carbone, comme l’exige l’organisation Airlines
for America ?
Ces grands décideurs vont-ils choisir de financer toutes les
nouvelles technologies qui permettraient de passer dans un monde ‘’bas carbone’’ le matin, et continuer d’allouer chaque année 650
milliards de dollars en subventions ou exonérations aux énergies fossiles
l’après-midi ?
Parce que
le gros problème pour changer de mode de vie n’est pas tant dans la volonté des
acteurs, mais bien dans le financement, dans les investissements que nécessite
une telle transformation.
Sans oublier que pour aider les pays les plus vulnérables à s’adapter
et à s’engager sur une voie ‘’écologique’’, il faudra investir et les aider à
investir. Et si les Etats ‘’riches’’, riches de leur dette, se lancent sur ce long chemin en
promettant de l’argent, il faudra qu’ils disent où ils vont aller chercher
l’argent pour les financements, dits ‘’innovants’’.
L’heure de
la taxe sur les transactions financières est-elle venue ? Comme le serait
celle de la taxe carbone, ou la fin des subventions aux énergies
fossiles ?
Les
arguments des ‘’ministres’’ de l’environnement l’emporteront-ils sur les
illusoires promesses de croissance, liées au GMT, et avancés par les
‘’ministres’’ des finances et de l’économie ?
Les
‘’riches’’ accepteront-ils de transférer leurs nouvelles technologies dans les
pays ‘’pauvres’’, là où elles seront vraiment utiles et nécessaires, ou
persévéreront-ils dans leur fuite en avant qui met, et mettra, des millions
d’individus sur les routes de la migration, pour le plus grand bonheur des
délégués aux Ressources humaines ?
L’économie
est une science dans laquelle l’homme n’est pas pris en compte. C’est pourtant
‘’elle’’ que nos dirigeants privilégient au détriment de l’écologie qui, elle,
tient compte de l’homme sur cette planète.
Pendant
combien de temps encore l’humain sera-t-il considérer comme une ‘’ressource’’
facilement renouvelable, un produit issu de la Vie mais devenu dissocié de
l’environnement qui le porte, le nourrit et le fait vivre ? Parce que si
la Terre meurt, nous disparaissons.
Alors en
décembre, espoirs pour les générations futures ou confirmation d’une lente
agonie ?
Nemo.
(1) Lori M. Wallach, Le
traité transatlantique, un typhon qui menace les Européens, Le monde
diplomatique – novembre 2013.
(2) Pierre Rimbert, Un bâton dans la roue ; Manière de voir N° 141
(3) Raoul Marc Jennar et Renaud Lambert, Mondialisation heureuse, mode d’emploi ;
Manière de voir N° 141.
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